maître

maître

maître, maîtresse [ mɛtr, mɛtrɛs ] n.
maistre 1080; maistresse XIIe; lat. magister
IPersonne qui exerce une domination.
1 N. m. Personne qui a pouvoir et autorité sur qqn pour se faire servir, obéir. Le maître et l'esclave. Le maître et le vassal. seigneur. Vieilli Le maître et les serviteurs, les domestiques. 1. patron. PROV. Les bons maîtres font les bons valets : les maîtres ont les valets qu'ils méritent. Tel maître, tel valet : les valets ont souvent les qualités et les défauts de leur maître. Nul ne peut servir deux maîtres à la fois.
N. Possesseur d'un animal domestique. Animal qui reconnaît son maître. « Le chien s'étendait sur un pouf aux pieds de sa maîtresse » (Green).
2Personne qui a pouvoir d'imposer aux autres sa volonté. chef. Le père romain était juge et maître. Par plais. Mon seigneur et maître. (1532) MAÎTRE, MAÎTRESSE DE MAISON : personne qui dirige la maison. Maître de maison qui reçoit. amphitryon , hôte. Parfaite maîtresse de maison. « la maîtresse de maison, attentive à ce que tout se fasse dans le bon ordre, l'œil sur la pendule dans l'attente des derniers invités puis sur la difficile et minutieuse ouverture du champagne par le maître de maison » (P. Constant). Vx Le maître du logis, des lieux, de céans : le propriétaire.
Le maître d'un peuple, d'un pays, personne qui y exerce effectivement le pouvoir. ⇒ dirigeant, gouvernant, souverain. « Le Français est surtout jaloux de la liberté de se choisir son maître » (Saint-Évremond). Les maîtres du monde : tous ceux qui exercent un pouvoir (cf. Les puissants de ce monde). Devenir le maître du monde. dictateur, dominateur, tyran.
3 ♦ ÊTRE (LE) MAÎTRE (quelque part) :avoir pleine autorité, toute licence là où l'on est (cf. Faire la loi). Être le maître chez soi. « J'étais maître en ces lieux, seul j'y commande encore » (Voltaire). PROV. Charbonnier est maître dans sa maison. Le capitaine d'un bateau est seul maître à bord, après Dieu. Loc. fig. Être seul maître à bord : être seul à décider. — Jeu Être maître à telle couleur, en avoir la carte la plus forte. Je suis maître à cœur. Loc. L'œil du maître : la surveillance attentive du propriétaire. Ni Dieu ni maître, devise de Blanqui et des anarchistes. Parler, agir, décider en maître, avec l'autorité, la liberté d'un maître. Régner en maître. Trouver son maître, la personne à qui l'on doit se soumettre, obéir (cf. ci-dessous II, 3o).
4(Choses) Ce qui gouverne qqn, commande sa conduite. L'argent, maître du monde. « Notre tempérament, notre caractère, nos passions, sont nos maîtres » (Léautaud).
5(1538) ÊTRE MAÎTRE, MAÎTRESSE DE SOI; ÊTRE SON MAÎTRE : être libre et indépendant, n'avoir d'autre maître que soi-même; être indépendant professionnellement. « Tout homme étant né libre et maître de lui-même » (Rousseau). « Depuis dix ans qu'elle était riche et veuve, maîtresse d'elle-même par conséquent » (Barbey). « il était son maître, on n'avait pas d'autres ouvriers » ( Céline). Par ext. Être maître, le maître de ses actes, de son destin, de son emploi du temps : n'avoir à en référer qu'à soi-même. ⇒ disposer.
(Par rapport à soi-même) ÊTRE MAÎTRE, MAÎTRESSE DE SOI : avoir de l'empire sur soi-même, contrôler ses affects. ⇒ se dominer, se maîtriser. « Je suis maître de moi comme de l'univers » (P. Corneille). « J'étais maître de moi, très calme, sans colère » (Duhamel). Elle parvint à rester très maîtresse d'elle-même. Par ext. « Il lui coupa la parole dans un mouvement d'impatience dont il ne fut pas maître » (Maupassant).
6 ♦ ÊTRE MAÎTRE DE FAIRE QQCH. : avoir entière liberté de. ⇒ libre. « Je laisse mon fils maître de faire ce qu'il voudra » (Balzac). Vous êtes maître de refuser.
7Personne qui possède une chose, en dispose. possesseur, propriétaire. Dr. Bien sans maître, abandonné. Voiture, cheval, maison DE MAÎTRE, dont l'usager est le propriétaire (opposé à de louage); par ext. Maison de maître, grande et cossue.
Se rendre maître de qqch. (se l'approprier), de qqn (le capturer, le maîtriser), d'un pays (le conquérir, l'occuper). Se rendre maître d'un incendie, l'arrêter, le maîtriser. — (Choses abstraites) Se trouver maître d'un secret. Être, rester maître de la situation, des événements. 1. arbitre. Être maître de son sujet. posséder.
II(XIIe) Personne qualifiée pour diriger.
1Personne qui exerce une fonction de direction, de surveillance. chef. Vx Maître de forges. Maître d'œuvre (fém. maître) :chef de chantier; fig. et mod. directeur de travaux intellectuels. Le maître d'œuvre d'une encyclopédie. Mod. Maître des requêtes au Conseil d'État (fém. maître). Maître de ballet : personne qui dirige un ballet dans un théâtre (fém. maître ou maîtresse). Maître de chapelle. Maître des cérémonies. Maître d'hôtel. Milit. Maître de camp. mestre. Nom donné aux officiers mariniers. Premier-maître (voir ce mot). Second-maître. Quartier-maître (voir ce mot). Maître de manœuvre. bosco. Maître d'équipage, dirigeant l'équipage du pont. — Grand maître de l'ordre : chef d'un ordre militaire. — Grand maître de l'Université : nom donné au ministre de l'Éducation nationale. — Maître de conférences (fém. maître) :personne chargée d'un cours dans une grande école ou enseignant dans une université avant d'accéder au titre de professeur. La maître de conférences. Maître assistant. Elle est maître assistant(e). Maître de recherches au CNRS (fém. maître).Maître d'étude (fém. maîtresse),qui surveille une étude. ⇒ 1. pion, surveillant. Maître d'internat (fém. maîtresse).
2Personne qui enseigne. Maître, maîtresse : personne qui enseigne aux enfants dans une école, ou dans le particulier. ⇒ éducateur, enseignant, instituteur, pédagogue, précepteur, professeur, régent; répétiteur. Maître, maîtresse d'école : instituteur, institutrice. Maîtresse auxiliaire. Maître de musique. Maîtresse de piano. Maître d'armes, qui enseigne l'escrime. Maître nageur. Loc. prov. Le temps est un grand maître, donne de l'expérience.
3 N. m. (XIIIe) Dans le système corporatif, Artisan qui dirige le travail et enseigne aux apprentis. Les maîtres, les compagnons et les apprentis d'une corporation. Fig. « L'homme est un apprenti, la douleur est son maître » (Musset). Par anal. Dans la franc-maçonnerie, Grand Maître : chef d'une obédience maçonnique. Le Grand Maître du Grand Orient de France. Loc. Être, passer maître dans le métier, dans l'art de. adroit, compétent, expert, savant. Loc. Passer maître en, dans qqch. : devenir particulièrement adroit à... (en parlant d'une qualité ou d'un défaut). Elle est passée maître dans l'art de mentir. « L'autre était passé maître en fait de tromperie » (La Fontaine). De main de maître. Des coups de maître. Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître (allus. littér.). Trouver son maître, qqn de supérieur à soi, de plus adroit, de plus compétent (cf. ci-dessus I, 3o).
4 N. m. Peintre, sculpteur qui dirigeait un atelier et travaillait souvent avec ses élèves à une même œuvre. Attribuer au maître l'œuvre d'un élève. Le maître de (suivi d'un nom de lieu, du titre de l'œuvre) :désignation d'un peintre ancien anonyme dont l'œuvre a la qualité de celle d'un maître d'atelier. Le Maître de Moulins.
5 N. m. Personne dont on est le disciple, que l'on prend pour modèle. initiateur, modèle. Un maître à penser. Maître spirituel. gourou. « Une génération trouve parfois ses maîtres chez elle-même » (Thibaudet). L'élève a dépassé le maître.
6 N. m. Artiste, écrivain ou savant qui excelle dans son art, qui a fait école. Les maîtres de la littérature, de la peinture espagnole (cf. Les grands noms). Un tableau de maître. Petit maître : peintre de qualité considéré comme mineur. Les petits maîtres de la Renaissance.
III(XIIIe) Titre.
1Vx (suivi du nom ou du prénom) Titre donné autrefois familièrement aux hommes qu'on ne pouvait appeler « Monsieur », et encore au XIXe s. aux paysans, aux artisans. Maître Pathelin. Maître Jacques. Région. Maîtresse Jacqueline. Par plais. Maître Corbeau, maître Renard.
2 N. m. Titre qui remplace Monsieur, Madame en parlant des gens de loi ou en s'adressant à eux (avoué, avocat, huissier, notaire). Maître X, avocate à la cour (abrév. ME ).
3 N. m. Titre que l'on donne en s'adressant à un professeur éminent, à un artiste ou un écrivain célèbre. Monsieur (Madame) et cher Maître.
IV(v. 1080) MAÎTRE, MAÎTRESSE en appos. ou adj.
1 Qui est le maître, la maîtresse (au sens I, 1o).Vieilli Servante maîtresse : servante, domestique qui est devenue maîtresse d'une maison.
2Qui a les qualités d'un maître, d'une maîtresse. Une maîtresse femme, qui sait organiser et commander. ⇒ énergique.
3Anciennt Qui est le premier, le chef de ceux qui exercent la même profession dans un corps de métier, une entreprise. Maître compagnon. Maître cuisinier, maître-coq ( 2. coq)ou maître-queux queux . Maître sonneur : maître de la corporation des sonneurs de cornemuse. Fig. et vx fieffé. Maître filou. « Voilà un maître fou » (Voltaire).
4(Choses) Qui est important, ou qui est le plus important. Maîtresse branche d'un arbre, la plus grosse. ⇒ principal. Maîtresse poutre d'un comble. Maître-couple : couple placé dans la plus grande largeur du navire. (XVIe) Maître-autel :autel principal d'une église, placé dans l'axe de la nef. Des maîtres-autels.
Maître-cylindre : ensemble cylindre et piston, actionné par la pédale de frein, transmettant la pression aux récepteurs des freins de chaque roue. — Inform. Se dit d'un dispositif qui pilote le fonctionnement d'un autre (opposé à esclave). Ordinateur maître. MAÎTRE-ESCLAVE,qui utilise deux dispositifs couplés dont l'un est maître et l'autre esclave. Une bascule maître-esclave. Ordinateurs fonctionnant en mode maître-esclave.
5Qui a de la force, de l'efficacité. Maître mot ou maître-mot. « La retraite, c'était le grand mot, le maître-mot » (Pagnol). Cartes Atout maître. Garder ses cartes maîtresses, celles qui peuvent faire une levée.
Fig. Essentiel. (Surtout fém.) La pièce maîtresse d'une collection, d'un dossier. La qualité maîtresse d'une personne. majeur.
⊗ CONTR. Esclave, serviteur; inférieur, subalterne; disciple, élève; apprenti. Accessoire, secondaire. ⊗ HOM. Mètre, mettre.

maître nom masculin Personne qui commande ; chose qui dirige la conduite de l'homme : Le maître et l'esclave. L'argent, le maître du monde. Personne qui possède à un degré éminent un talent, un savoir et qui est susceptible de faire école, d'être prise pour modèle : Un tableau de maître. Un maître à penser. Titre donné à un grand artiste, à un grand écrivain à qui on s'adresse. Astrologie Astre qui régit un signe et gouverne les facteurs horoscopiques qui s'y trouvent, notamment la maison. Beaux-arts Titre donné aux artistes qui ont enseigné leur discipline, qui ont fait école ou ont acquis la célébrité. Terme, suivi d'un complément, qui constitue le « nom de commodité » servant à désigner un artiste anonyme du passé. (Le complément peut être le titre de l'œuvre clé autour de laquelle on tente de reconstituer la production de l'artiste [exemple : Maître de l'Annonciation d'Aix], une localité [Maître de Moulins], un commanditaire ou patron [Maître de Rohan], une caractéristique des œuvres [Maître des Demi-Figures], un monogramme non déchiffré [Maître M.S., en Hongrie], etc.) Droit Titre que l'on donne aux avocats et aux officiers ministériels (avec majuscule). Histoire Nom du troisième grade symbolique maçonnique. Marine Officier marinier de grade correspondant à celui de sergent-chef ; tout officier marinier quel que soit son grade, à l'exclusion de major. Militaire Titre donné, aux XVIIe et XVIIIe s., aux simples soldats de la cavalerie et aux écuyers renommés pour leur article Traditions populaires Titre d'un artisan admis à la maîtrise, dans un métier où subsistent des traditions de corporation ou de compagnonnage. ● maître (citations) nom masculin Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 Aux vertus qu'on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ? Le Barbier de Séville, I, 2 Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 Je voudrais que chacun ne fût pas plus égaux l'un que l'autre. Les maîtres seraient bien attrapés ! Les Deux Amis ou le Négociant de Lyon, IV, 1 Commentaire C'est un domestique qui parle. Jacques Bénigne Bossuet Dijon 1627-Paris 1704 Où il n'y a point de maître, tout le monde est maître ; où tout le monde est maître, tout le monde est esclave. Politique tirée des propres paroles de l'Écriture Sainte Jean-François Collin d'Harleville Maintenon, Eure-et-Loir, 1755-Paris 1806 Académie française, 1803 Rarement un valet dit du bien de son maître. Les Châteaux en Espagne Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Le temps est un grand maître, il règle bien des choses. Sertorius, II, 4, Viriate Jean-François Casimir Delavigne Le Havre 1793-Lyon 1843 Académie française, 1825 Quoi que fasse mon maître, il a toujours raison. Louis XI Philippe Néricault, dit Destouches Tours 1680-Villiers-en-Bière 1754 Académie française, 1723 Par les airs du valet, on peut juger du maître. Le Glorieux, IV, 5, Lycandre Pierre Drieu La Rochelle Paris 1893-Paris 1945 […] Sans dieux ni maîtres, ceux-là étant morts, ceux-ci n'étant pas encore nés, nous n'avons que notre jeunesse. Mesure de la France Grasset Alexandre Dumas, dit Dumas fils Paris 1824-Marly-le-Roi 1895 L'argent […] est un bon serviteur et un mauvais maître. Préface de la Dame aux camélias Étienne de La Boétie Sarlat 1530-Germignan, Médoc, 1563 C'est un extrême malheur que d'être assujetti à un maître, dont on ne peut être jamais assuré qu'il soit bon, puisqu'il est toujours en sa puissance d'être mauvais quand il voudra. Discours de la servitude volontaire Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Les hommes veulent être esclaves quelque part, et puiser là de quoi dominer ailleurs. Les Caractères, De la cour Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Il n'est, pour voir, que l'œil du maître. Fables, l'Œil du maître Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Notre Ennemi, c'est notre Maître : Je vous le dis en bon françois. Fables, le Vieillard et l'Âne Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Il le faut avouer, l'amour est un grand maître. Ce qu'on ne fut jamais, il nous enseigne à l'être. L'École des femmes, III, 4, Horace Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Les jeunes gens n'ont pas besoin de maîtres à penser, mais de maîtres à se conduire. Carnets Gallimard Marcel Pagnol Aubagne 1895-Paris 1974 […] Éternellement la science des maîtres passera dans le cœur des disciples, dans un grand silence attentif, comme cette huile rousse de mes collines qui coule du pressoir dans la jarre par un long fil d'or immobile, sans faire de bulles, sans faire de bruit. Cinématurgie de Paris Pastorelly Antoine de Saint-Exupéry Lyon 1900-disparu en mission aérienne en 1944 L'esclave fait son orgueil de la braise du maître. Terre des hommes Gallimard Michel Jean Sedaine Paris 1719-Paris 1797 Académie française, 1786 Il faut qu'un domestique soit bien sot lorsque, au bout de sept ans, il ne gouverne pas son maître. La Gageure imprévue, 18 Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Les maîtres sont ceux qui nous montrent ce qui est possible dans l'ordre de l'impossible. Mélange Gallimard François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Qui que tu sois, voici ton maître : Il l'est, le fut, ou le doit être. Poésies mêlées, XLIII Commentaire Cette inscription pour une statue de l'Amour est rappelée par Balzac dans les premières pages du Père Goriot. Bible Nul ne peut servir deux maîtres. Ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent. Évangile selon saint Matthieu, VI, 24 Louis Auguste Blanqui Puget-Théniers 1805-Paris 1881 Ni Dieu ni maître. Commentaire Maxime d'Auguste Blanqui, socialiste et révolutionnaire français, partisan des idées communistes. Il en fit le titre d'un journal qu'il créa après la Commune. Confucius, en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong] 551-479 avant J.-C. Entendre ou lire sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir sans livre ni maître est dangereux. Entretiens, I, 2 (traduction S. Couvreur) Confucius, en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong] 551-479 avant J.-C. Le Maître ne parlait pas des choses extraordinaires, ni des actes de violence, ni des troubles, ni des esprits. Entretiens, IV, 7 (traduction S. Couvreur) Baltasar Gracián y Morales Belmonte 1601-Tarazona 1658 Il n'est point de maître qui ne puisse être disciple. No hay maestro que no pueda ser discípulo. El criticón, III, 6 Aleksandr Sergueïevitch Griboïedov Moscou 1795-Téhéran 1829 Ce que nous avons le plus à redouter, c'est la colère des maîtres et aussi leur affection. Le Malheur d'avoir trop d'esprit, I, 2 Léonard de Vinci Vinci, près de Florence, 1452-château de Cloux, aujourd'hui Clos-Lucé, près d'Amboise, 1519 Piètre disciple qui ne dépasse pas son maître. Tristo è quel discepolo che non avanza il suo maestro. Carnets maître (difficultés) nom masculin Orthographe 1. Avec un accent circonflexe sur le i. 2. Maître, joint à un nom de métier pour former un titre, s'écrit sans trait d'union : maître coq, maître graveur, maître imprimeur, maître maçon, maître nageur, maître queux, maître tailleur ; maître à danser (= professeur de danse, autrefois) ; maître chanteur (traduction de l'allemand Meistersinger). → maître-à-danser, → maître-assistant, → maître-chanteur, → maître-chien, → maître-penseur. 2. Maître de (+ nom au singulier). On écrit avec le complément toujours au singulier : des maîtres de chapelle, des maîtres d'hôtel, des maîtres d'œuvre. 3. Maître de (+ nom au pluriel). On écrit avec le complément toujours au pluriel : un maître d'armes, un maître de cérémonies, un maître de forges ; un maître des requêtes ; un maître de conférences → maître-assistant. 4. Maître, titre des avocats et des officiers ministériels. Maître est le titre donné aux avocats, aux avoués, aux huissiers, aux notaires, aux commissaires-priseurs. Maître Choukroun, avocat à la Cour. Croyez Maître Choukroun… - Abréviation : Me (ou Me). Me Rocoux, notaire à Paris.maître (expressions) nom masculin Coup de maître, acte, ouvrage, tentative particulièrement réussis, qui relèvent d'une grande habileté. De maître, se dit de certains biens, de certaines fonctions qui relèvent du service d'un riche particulier : Chauffeur de maître. En maître, avec l'autorité d'un chef. Être son (propre) maître, ne dépendre de personne et, en particulier, être indépendant professionnellement. Maître d'hôtel, personne qui dirige le service de la table. Maître du monde, de l'univers, Dieu. Maître d'œuvre, responsable de l'organisation et de la réalisation d'un vaste ouvrage, d'une œuvre de longue haleine. Passer maître, devenir fort habile : Il est passé maître dans l'art de ne rien dire. Petit maître, écrivain, artiste de second plan. Trouver son maître, trouver quelqu'un de supérieur dans son domaine. Maîtres de la milice, hauts fonctionnaires byzantins institués par Constantin, et placés à la tête de l'armée. Maître des offices, haut fonctionnaire byzantin, ministre de la maison de l'empereur, qui avait sous ses ordres la garde barbare, la police politique, les corporations professionnelles, les arsenaux et la poste impériale. Maître d'état, en Suisse, artisan responsable d'un secteur de la construction d'une maison. Maître d'œuvre ou maître de l'œuvre, au Moyen Âge, directeur des travaux, chef de chantier (c'était parfois l'architecte du monument, parfois un entrepreneur, parfois un gestionnaire) ; aujourd'hui, personne (architecte, ingénieur) ou organisme qui dirige un chantier, après avoir exécuté les plans de l'ouvrage. Maître d'ouvrage ou maître de l'ouvrage, personne physique ou morale (propriétaire, promoteur, collectivité, etc.) pour le compte de laquelle une construction est réalisée. Maître à danser, autrefois celui qui enseignait l'art de la danse. Beurre maître d'hôtel, beurre en pommade additionné de persil haché, de jus de citron, de sel et de poivre. Maître de l'affaire, synonyme de géré. Maître des requêtes, membre du Conseil d'État chargé de présenter un rapport sur les affaires qui lui sont distribuées. Maître de conférences, dans le corps de professeurs des universités, titre porté par les professeurs du premier échelon de la deuxième classe. Maître ès arts, ancien titulaire du grade de la maîtrise délivré par la faculté des arts. Maître de manège, personne qui tient un manège et qui enseigne l'art de monter à cheval. Grand maître, chef d'un ordre militaire, d'un ordre de chevalerie, d'une obédience maçonnique. Grand maître des cérémonies, officier de la Couronne qui fixait le rang selon les préséances dans les cérémonies. Maître des requêtes de l'hôtel, magistrat chargé, sous l'Ancien Régime, de recevoir et d'étudier les requêtes adressées au Conseil du roi. Maître chargé, officier marinier le plus ancien, chargé du matériel d'un service (maître canonnier, maître de manœuvre, etc.). Maître d'équipage, chef de l'équipage, qui, sous la direction du second capitaine, avait la charge des apparaux de manutention, des matières consommables et de la répartition quotidienne du travail. Maître principal, officier marinier de grade correspondant à celui d'adjudant-chef. Premier maître, officier marinier de grade correspondant à celui d'adjudant. Second maître, officier marinier de grade correspondant à celui de sergent. Maître de forges, autrefois, propriétaire d'un établissement sidérurgique dont il assumait personnellement l'administration ; aujourd'hui, dirigeant d'un établissement sidérurgique. Maître de chien, synonyme de maître-chien. Maître de pêche, à bord des grands chalutiers morutiers, matelot pêcheur de grande expérience, placé auprès du capitaine et qui est le véritable chef de l'expédition. Maître d'armes, en escrime, celui qui possède le 2e degré du brevet d'État, lui permettant d'ouvrir un club et d'enseigner contre rémunération. Maître d'œuvre ou maître ouvrier, ouvrier qui commandait les autres dans un atelier. Maître d'équipage, personne qui assure la direction d'une chasse à courre et la responsabilité de l'équipage. ● maître (homonymes) nom masculin mètre nom masculin mettre verbemaître (synonymes) nom masculin Personne qui commande ; chose qui dirige la conduite de l'homme
Synonymes :
Personne qui possède à un degré éminent un talent, un...
Synonymes :
Contraires :
- élève
Droit. Maître de l'affaire
Synonymes :
- géré
maître, maîtresse nom (latin magister) Personne qui enseigne, éduque à l'école, et, en particulier, instituteur : Demander à parler à la maîtresse. Littéraire. Personne qui commande à des domestiques, des serviteurs, etc. : Les maîtres rentrent au château. Personne qui dirige sa maison, reçoit les invités, etc. : Être une excellente maîtresse de maison. Personne qui possédait des esclaves. Personne qui possède un animal domestique et s'en occupe : Le chien obéit à son maître.maître, maîtresse (difficultés) nom (latin magister) Orthographe 1. Avec un accent circonflexe sur le i. 2. Maître, maîtresse de (+ nom au singulier). On écrit avec le complément toujours au singulier : des maîtres (des maîtresses) de ballet, des maîtres (des maîtresses) d'école, des maîtres (des maîtresses) d'étude, des maîtres (des maîtresses) de maison. Accord Parler en maître. La locution s'accorde en genre et en nombre : ils parlent en maîtres ; elles régnèrent en maîtresses sur l'empire de la mode.maître, maîtresse (expressions) nom (latin magister) Maître(esse) auxiliaire, professeur qui assure l'intérim d'un emploi vacant de professeur titulaire. Maître(esse) de (ou du) ballet, personne qui fait répéter les danseurs et qui assume la réalisation des œuvres dansées par le corps de ballet. Maître(esse) d'internat, personne qui surveille le travail à l'étude ou dans un internat scolaire. ● maître, maîtresse (synonymes) nom (latin magister) Personne qui enseigne, éduque à l'école, et, en particulier, instituteur
Synonymes :
- éducateur
- pédagogue
- précepteur
Contraires :
- écolier
- élève
- employé
- étudiant
- garçon
Littéraire. Personne qui commande à des domestiques, des serviteurs, etc.
Contraires :
Personne qui possédait des esclaves.
Synonymes :
Contraires :
Personne qui possède un animal domestique et s'en occupe
Synonymes :
- propriétaire
maître, maîtresse adjectif Qui est le plus important, essentiel : L'idée maîtresse d'un exposé.maître, maîtresse (citations) adjectif Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je suis maître de moi comme de l'univers : Je le suis, je veux l'être. Cinna, V, 3, Auguste Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Je veux être maître de moi, à tout sens. La sagesse a ses excès et n'a pas moins besoin de la modération que la folie. Essais, III, 5 Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Celui qui se connaît est seul maître de soi. Discours, Institution pour l'adolescence du roi très chrétien, Charles neuvième du nom Daniel Defoe Londres vers 1660-Londres 1731 La vraie grandeur consiste à être maître de soi-même. True greatness consists in being master of one's self. Robinson Crusoe, IImaître, maîtresse (difficultés) adjectif Orthographe 1. Avec un accent circonflexe sur le i. 2. Maître, maîtresse est adjectif dans maître couple, maîtresse branche, maîtresse poutre, etc., et signifie « qui est le plus gros, le plus important parmi d'autres semblables ». Il ne se lie pas par un trait d'union au mot qu'il qualifie. → maître-autel, → maître-cylindre. 3. Une maîtresse femme. Sans trait d'union. ● maître, maîtresse (expressions) adjectif Carte maîtresse, carte la plus forte grâce à laquelle on peut faire une levée ; ressource capitale, principal moyen de succès. Être maître de, être libre de. Être maître de quelque chose, en disposer librement. Être maître de son sujet, le dominer. Être, rester maître de soi, se dominer, maîtriser ses réactions. Être, rester maître de son véhicule, en avoir, en garder le contrôle. Maîtresse femme, femme énergique, volontaire, qui sait commander. Se rendre maître de quelque chose, l'occuper, se l'approprier ; le maîtriser. Maître maçon, entrepreneur, artisan du bâtiment ayant sous son autorité plusieurs ouvriers. Poutre maîtresse, poutre principale d'un plancher, par opposition aux solives. Maître brin, synonyme de panache. Atout maître, carte d'atout la plus forte de celles qui restent à jouer. Être maître à une couleur, posséder la plus forte carte à jouer dans la couleur. Maître ouvrier des armées, sous-officier ou officier marinier exerçant dans les armées et à leur profit les fonctions de tailleur et de cordonnier. Maître compagnon, celui qui dirige l'atelier en l'absence du patron. ● maître, maîtresse (synonymes) adjectif Qui est le plus important, essentiel
Synonymes :
Histoire du costume. Maître brin
Synonymes :

maître, maîtresse
n. et adj.
rI./r n.
d1./d Personne qui exerce son autorité, de droit ou de fait. On ne peut servir deux maîtres à la fois.
d2./d Propriétaire. Le chien aime son maître.
d3./d Maître de maison: hôte, chef de famille.
d4./d Loc. être (le) maître de faire qqch, avoir la liberté de le faire.
être maître de soi: se dominer.
Se rendre maître de qqch, de qqn, s'en emparer.
d5./d Chef, dirigeant. Maître de ballet, des cérémonies.
Maître d'hôtel, qui dirige le service de table dans un hôtel ou chez des particuliers.
(Afr. subsah.) Maître de la terre: chef coutumier chargé des cultes agraires.
|| MAR Premier maître, quartier-maître, maître d'équipage: grades de la marine militaire.
|| CONSTR Maître d'oeuvre: personne physique ou morale chargée de concevoir, d'étudier et de surveiller la réalisation d'un ouvrage.
Maître de l'ouvrage: personne physique ou morale qui décide la construction d'un ouvrage, en assure le financement et confie sa réalisation à un maître d'oeuvre.
|| (Suisse) Maître d'état: artisan responsable d'un secteur (plomberie, isolation, etc.) de la construction d'une maison.
d6./d Personne qui enseigne.
Vieilli Maître d'école: instituteur.
Maître auxiliaire: dans l'enseignement secondaire, enseignant non titulaire.
Maître assistant: dans l'enseignement supérieur, titre supérieur à celui d'assistant.
(Afr. subsah., Maghreb) Maître coranique: personne qui dirige une école coranique.
d7./d Loc. Passer maître en qqch, y exceller.
d8./d Personne qui a excellé dans un art, une science, et sert de modèle. Les grands maîtres de la peinture.
d9./d Titre donné aux avocats, aux notaires, aux commissaires-priseurs. Par-devant Maître Untel, notaire.
rII./r adj.
d1./d Maîtresse femme: femme énergique, qui s'impose avec autorité.
d2./d CONSTR Qui supporte l'essentiel des efforts. Poutre maîtresse.
d3./d Dominant. La qualité maîtresse de qqn. Carte maîtresse, supérieure à celle de l'adversaire.

I.
⇒MAÎTRE1, MAÎTRESSE, subst.
I. — Personne qui a un pouvoir de domination sur les êtres ou les choses.
A. — Personne qui a quelqu'un sous sa dépendance, sous son autorité.
1. Celui, celle qui a quelqu'un à son service. Le maître et l'esclave; les domestiques, les valets d'un maître; la maîtresse et ses servantes; le seigneur et maître d'un vassal; servir son maître. L'évêque (...) s'entretint en détail avec les chevaliers des moyens de réparer les torts faits à la veuve et aux orphelins de leur souverain (...). Ils déclarèrent qu'ils la reconnaissaient toujours pour leur dame et maîtresse, et qu'ils la défendraient envers et contre tous (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 186). La vérité est que, de tout temps, les bons maîtres et les bons serviteurs furent rares. On trouve de par le monde peu d'Epictètes et peu de Marc-Aurèles (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 200). V. esclave ex.1:
1. Différence entre l'esclave et le citoyen (Montesquieu, Rousseau...): l'esclave est soumis à son maître et le citoyen aux lois. Par ailleurs le maître peut être doux et les lois très dures: cela ne change rien. Tout gît dans la distance entre le caprice et la règle.
S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 157.
Proverbes
Tel maître, tel valet. Les serviteurs sont souvent à l'image de leur maître et les imitent pour le meilleur ou pour le pire. Je sais que c'est un digne et loyal serviteur... Mais tel maître tel valet, et avec un maître comme vous... (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 36).
Nul ne peut servir deux maîtres. [P. réf. à la Bible, Matth. 6,24, où les deux maîtres évoqués sont Dieu et Mammon] Le choix est nécessaire entre deux causes, deux partis, deux attitudes opposées ou contradictoires:
2. Ainsi [dans la pensée politique de Dante], par une sagace division du travail que l'Évangile n'avait pas prévue, le chrétien pourra servir à la fois deux maîtres, Dieu pour le ciel et Mammon pour la terre, et partager son âme entre deux obédiences absolues chacune et ultimes chacune, celle de l'Église pour le ciel, celle de l'État pour la terre.
MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 30.
Au fig. Celui auquel une femme est asservie moralement, sentimentalement ou socialement. En grandissant j'obéirai à un nouveau maître et je n'aurai jamais pour lui le quart de la tendresse que j'ai pour vous (STAËL, Lettres jeun., 1779, p. 13). V. amant ex. 30 et art. maîtresse.
P. plaisant. Le seigneur et maître (d'une femme). Le mari. Folcoche trichait, lésinait maintenant sur tout. Elle se constituait une cagnotte, l'investissait en petits placements personnels, (...) donnant des leçons à son seigneur et maître, qui gérait «si mal» sa fortune (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 241).
2. Celui, celle qui exerce un pouvoir.
a) Celui, celle qui exerce le pouvoir politique, qui a des sujets, gouverne un ou plusieurs peuples. Un maître absolu, souverain; le maître de Rome, d'un pays, d'un royaume; les maîtres de l'État, de l'Europe; les maîtres du jour, de l'heure. Rome fut fondée par des brigands, et Rome n'en devint pas moins la maîtresse du monde (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, IV, 1, p. 43). Au fond, il pensait aussi que ceux qui ont la charge de la chose publique sont, par définition, des experts rompus à toutes les difficultés internationales (...). Le crédit qu'il apportait aux gouvernants français s'étendait, de même, aux maîtres des autres pays (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 143):
3. J'entends par despotisme un gouvernement où la volonté du maître est la seule loi; où les corporations, s'il en existe, ne sont que ses organes; où ce maître se considère comme le seul propriétaire de son empire et ne voit dans ses sujets que des usufruitiers...
CONSTANT, Esprit de conquête, 1813, p. 218.
Expressions
Le roi, l'empereur mon maître. [Formule utilisée par les ambassadeurs pour désigner leur souverain] Le maire de Véretz n'a pas mis un gant de fer, comme fit l'ambassadeur pour souffleter ce pape au nom du roi son maître (COURIER, Pamphlets pol., Gaz. vill.,1823, p. 184).
Ni Dieu, ni maître. [Devise de Blanqui et des anarchistes] Le bon Hercule parcourait la terre, ne reconnaissant ni Dieu ni maître hors de son propre sentiment et de son serment à lui-même. Tel est l'homme libre (ALAIN, Propos, 1922, p. 363).
b) Les maîtres du monde, de la terre. Ceux qui détiennent un grand pouvoir temporel; les puissants, les riches. Il était devenu, en quelques jours, un des maîtres du monde, un de ces financiers omnipotents, plus forts que des rois (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 327). [Chez Feuerbach] le christianisme transcendant, celui de l'au-delà, affermit les maîtres de la terre par le renoncement de l'esclave et suscite un maître de plus au fond des cieux (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 183).
c) Au fig. Le Maître du monde, de l'univers; le Maître souverain. Dieu. Après avoir élevé les yeux de ton intelligence vers le souverain Maître de l'univers (CRÈVECOEUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 140).
Le (divin) Maître. Jésus-Christ. Charitable comme Jésus-Christ, humble comme ce divin Maître, il [un missionnaire] ne cherchoit à convertir les âmes au Seigneur, que par des actes de bienfaisance (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 157). Aujourd'hui, je ne m'appartiens plus, je suis lié à un Maître qu'il faudra servir sans défaillance. Mais ce Maître, c'est Jésus, qui a poussé l'amour pour moi jusqu'aux humiliations de l'Incarnation (BILLY, Introïbo, 1939, p. 156).
3. Celui, celle qui a la prééminence (dans un domaine, dans un lieu), qui peut y faire prévaloir son autorité. Le maître, la maîtresse de céans; être (le) maître en un lieu. La puissance civile, devenue maîtresse dans l'Église (LAMENNAIS, Relig., 1825, p. 105). Le patricien romain était chef de famille, maître supérieur. Il était de plus magistrat religieux, pontife dans l'intérieur de sa famille (GUIZOT, Hist. civilisation, leçon 4, 1828, p. 13):
4. Dans l'Occident, dominé par les femmes, culte de la souffrance; dans l'Orient, où l'homme est le maître, culte de la sagesse.
MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1345.
Expr., loc., proverbes
Maître, maîtresse de (la) maison. Celui, celle qui dirige la maison, et en particulier, assure la réception des hôtes. Un bon maître de maison; faire la maîtresse de maison. Debout l'un près de l'autre, comme le maître et la maîtresse de maison, quand les invités arrivent (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, II, 8, p. 145):
5. Tout nouveau venu qui entrait dans la gargote disait en voyant la Thénardier: voilà le maître de la maison. Erreur. Elle n'était même pas la maîtresse. Le maître et la maîtresse, c'était le mari. Elle faisait, il créait. Il dirigeait tout par une sorte d'action magnétique invisible et continuelle.
HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 459.
Servante(-)maîtresse. Servante qui joue le rôle de la maîtresse de maison et qui éventuellement jouit des prérogatives de celle-ci. Le mari a sa femme, le garçon a la maîtresse; et le garçon qui n'a pas la maîtresse a la servante-maîtresse (GONCOURT, Journal, 1860, p. 844). Une vieille bonne (...), une de ces servantes maîtresses qui sont les tyrans des familles (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, pp. 586-587).
Charbonnier (est) maître chez lui (ou chez soi). V. charbonnier II A 2 a.
(Capitaine) seul maître à bord (après Dieu). [S'emploie pour désigner qqn qui a plein pouvoir dans son domaine, a la haute main sur la direction d'une action, d'une affaire] Le patron du Nord qui est le père d'une sorte de famille et seul maître à bord comme dans son foyer (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 91):
6. Tout chef est un pilote. De grands courants historiques emportent le navire qu'il gouverne. Il sait commander s'il est capable de se servir de ces courants, et des faiblesses même de l'équipage, pour mener à bon port ses passagers. Et je consens qu'il soit maître à son bord. Mais pour la durée de la traversée.
MAUROIS, Dialog. commandement, 1924, p. XXX.
Être son maître, sa maîtresse. Être indépendant, avoir la faculté d'agir à sa guise, de disposer librement de soi. Ah! Quand ne serai-je plus reine pour être ma maîtresse! (SCRIBE, Verre d'eau, 1840, II, 1, p. 661). Il y a bien longtemps que la femme me dit: «Mettons-nous sur notre terre, Désiré, on sera nos maîtres.» (GIONO, Regain, 1930, p. 221).
Vx. Être maître, maîtresse de soi. Même sens (v. aussi infra I B 2 c). Annette est libre, elle est maîtresse d'elle-même, et il faut lui plaire (BALZAC, Annette, t. 2, 1824, p. 111). Elle [la femme romaine] n'a rien de ce qui donne l'autorité dans la maison. Jamais elle ne commande; elle n'est même jamais libre ni maîtresse d'elle-même (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 103).
En maître. Avec l'autorité de celui qui fait ou prétend faire la loi (v. aussi infra II B 1 c). Agir, commander, parler, s'installer, régner en maître. Au bout de quelque temps, on put voir qu'il avait adopté deux ou trois garçons plutôt humbles, de caractère faible, vers lesquels il allait, sitôt qu'il les avait aperçus, avec des gestes qui commandaient; et il se mettait à discourir en maître parmi eux, le verbe haut et assuré (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 26).
Trouver, rencontrer, voir son maître. Trouver plus fort que soi, rencontrer la personne devant laquelle on doit s'incliner. Par mer il [Napoléon] est accouru; L'étranger va voir son maître (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 237). Il est bien évident que mon père, que le personnage terrible, irréductible, vient de rencontrer son maître, c'est-à-dire un homme capable de crier plus fort que lui (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 165).
Être maître. Avoir l'avantage, la supériorité (sur qqn). Goupil était un des forts; il était souvent resté maître dans ces tournois nocturnes (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 53). Nous subissons une loi de la guerre, que nous ne pouvons éluder. L'ennemi est maître (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 132).
Être le maître de qqn (dans un domaine). Lui être supérieur, être un modèle pour quelqu'un, lui donner des leçons. Ô femmes! Vous êtes nos maîtresses en fourberie! Qui peut lutter contre vous? (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 173). En art, en littérature, les anciens sont nos maîtres (Ac. 1935).
JEUX. Être maître à une couleur. Avoir la carte la plus forte dans la couleur demandée. Être maître en atout, maître en pique (Nouv. Lar. ill.).
4. Au fig. [Désignant une chose] Ce qui domine, gouverne (quelqu'un ou quelque chose). L'estomac dérangé commande en maître, mais en maître bien indigne de régner, car il remplit mal ses fonctions, et arrête tout le reste (DELACROIX, Journal, 1847, p. 184). Il s'inclinait devant la nécessité, maîtresse des hommes et des dieux (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 361):
7. Tout l'acte de la construction exige une coordination aussi parfaite que possible entre la mimique, la figuration et la musique, laquelle est ici souveraine maîtresse et doit commander l'action des personnages et des matériaux mouvants.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 108.
B. — Personne qui a quelque chose en sa possession ou en sa puissance.
1. Propriétaire (d'un bien). Maître, maîtresse d'une terre, d'une ferme, d'un capital; l'argent n'a point de maître (proverbe). Mon petit journal de la France catholique vient de changer de maître. M. Jean, le directeur, l'a acheté des premiers propriétaires (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1834, p. 145). Voyez le maître des domaines quand il marche le long des chemins dans la rosée de l'aube, tout seul et n'emportant rien de sa fortune (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 547):
8. Pendant que la terre limitée devient un temple et représente le ciel, l'homme de la terre, le maître du champ et de la demeure qui s'y place devient comme un dieu.
MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 53.
En partic. Possesseur (d'un animal domestique). Le chien et son maître. Elle [une chèvre] se roula gracieusement sur les pieds de sa maîtresse, sollicitant un mot ou une caresse (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 356).
Expr. et loc.
Maison de maître. Maison de campagne habitée par le propriétaire; p. ext., maison spacieuse, opulente. Deux de ces vieilles demeures pourtant sont encore des maisons de maîtres. Les Larroque et les Desqueyroux ont laissé leurs logis d'Argelouse tels qu'ils les reçurent des ascendants (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 186). Il avait loué (...) une maison de maître accotée à une ferme, un château selon la terminologie de la région (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 130).
Cheval, voiture de maître. Cheval, voiture utilisé(e) par le propriétaire. Anton. cheval, voiture de louage. Il n'y avait que les voitures de maître et les fiacres de luxe qui avaient des pneus (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 274).
♦[P. réf. à la fable de La Fontaine IV, 21] L'œil du maître. Le coup d'œil exercé, la surveillance attentive du propriétaire. Le plaisir de Joseph se trouvait gâté par mille petits détails fâcheux qu'il ne pouvait pas ne point remarquer, car rien ne saurait échapper à l'œil du maître (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 182).
DR. Biens sans maître. Biens abandonnés, sans propriétaire. Tous les biens vacans et sans maître, et ceux des personnes qui décèdent sans héritiers, ou dont les successions sont abandonnées, appartiennent à la nation (Code civil, 1804, art. 539, p. 100).
2. [Le plus souvent dans des loc. verb.] Être (devenir, se rendre, rester) maître, maîtresse, ou, plus rarement, le maître, la maîtresse de qqc. Avoir quelque chose sous sa domination, sous son contrôle, pouvoir en disposer à son gré. Être maître de la situation, des événements, des phénomènes; être maître de son sort, de sa vie, de la vie de qqn. Croyez-vous que la compagnie n'a pas autant à perdre que vous, dans la crise actuelle? Elle n'est pas la maîtresse du salaire, elle obéit à la concurrence, sous peine de ruine (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1323). L'individualisme symbolise l'élan de l'Européen, impatient de toute entrave, pour conquérir le monde, se rendre maître de la nature par la connaissance et l'invention (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 165):
9. Voilà l'esprit maître de l'espace, et des secrets dévoilés. Le voilà maître du bonheur, maître du temps, seule maîtrise qui permette celle du bonheur.
DURRY, Nerval, 1956, p. 124.
En partic.
a) Dans le domaine milit. [Le compl. désigne un lieu, une position] Conquérir, occuper, tenir en sa possession par la force. Être, se rendre maître du champ de bataille, d'une place, d'une ville. Le bailli de Suffren s'illustra comme un de nos plus grands marins. L'Angleterre n'était plus la maîtresse incontestée des mers (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 14). Nous ne pouvions suspendre nos opérations de marche vers Berlin qu'une fois maîtres de la position du Rhin (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 284).
b) [Le compl. désigne un phénomène matériel, une force physique émanant d'une chose ou d'un être] Avoir, réduire en son pouvoir par la contrainte ou par un effort physique. Être, se rendre maître d'un incendie, d'une émeute, d'un animal, d'un véhicule. Malgré leurs efforts, le ballon s'abaissait toujours, en même temps qu'il se déplaçait avec une extrême vitesse, suivant la direction du vent (...). Ils n'étaient évidemment plus maîtres de l'aérostat (VERNE, Île myst., 1874, p. 5). Alban penché, les dents serrées, tout le visage serré, épiait la seconde où ce ne serait plus lui qui serait maître de l'animal, mais l'animal qui serait maître de lui (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.417).
c) Souvent en emploi adj. (Être) maître de + subst.
) [Le compl. désigne un mouvement du corps, du coeur ou de l'esprit] Soumettre au pouvoir de la raison, de la volonté. Être maître de ses gestes, de ses nerfs, de ses passions, de ses idées. Sous le coup d'une terreur panique dont je n'étais plus le maître, je me jetai à deux genoux au pied de mon lit (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 38). Je le vis très calme et très maître de sa pensée; très maître aussi de ses yeux qu'il ne fermait plus (G.LEROUX, Parfum, 1908, p. 79). Quand je suis dans mes mauvais moments je ne suis plus tout à fait maîtresse de mes associations d'idées (CLAUDEL, Ours et lune, 1919, 2, p. 603).
Être maître de soi. Dominer ses passions, ses impulsions, agir ou réagir sous le contrôle de la volonté. Synon. se posséder, se maîtriser. Elle m'a montré ce que c'était qu'une femme forte et maîtresse d'elle-même (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935, p. 36). Maître de l'événement comme il était le maître de soi (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1396):
10. ... il ne fallait rien moins que sa dignité de témoin et ce sang de soldat qui coulait dans ses veines, pour dominer ses alarmes fraternelles et le contraindre à demeurer calme, froid, parfaitement maître de lui.
PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 403.
) [Le compl. désigne un objet de connaissance, une discipline, une technique] Connaître de manière approfondie, posséder, maîtriser. On peut reconnaître les hommes vraiment habiles et maîtres de leur sujet au ton de simplicité et de bonhomie qu'ils mettent dans leurs discours (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 149). C'était en vain que pendant des années, Gustave s'était enfermé dix heures par jour pour se rendre maître du droit, de l'économie, de l'histoire — et aussi de la stratégie (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 203).
d) Être maître de + inf. Avoir la liberté, la possibilité de faire quelque chose. Je desire vous fixer dans ma cour, cependant vous êtes le maître de la quitter (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 5). La duchesse avait passé à la promulgation d'autres décrets qui, s'appliquant à des vivants, pussent lui faire sentir qu'elle était maîtresse de faire ce que bon lui semblait (PROUST, Fugit., 1922, p. 577).
II. —Personne qui a autorité ou fait autorité dans un domaine d'activité.
A. — 1. Celui, celle qui a la responsabilité, la direction d'une affaire, d'un service, de l'exécution d'une tâche.
a) Dans le domaine industr.
Maître de forges. Propriétaire d'importantes aciéries dont il assure la direction et l'administration. V. forge B 2 ex. de Barrès et de Lesourd, Gérard.
Maître d'ouvrage, maître de l'ouvrage. Personne physique ou morale qui commande l'exécution d'un ouvrage et en assure le financement. V. infra Gds ensembles habit., 1963, p. 8.
Maître d'oeuvre, maître de l'oeuvre. Personne physique ou morale, mandataire du maître d'ouvrage et responsable de l'exécution des travaux. Dans la construction de ces centrales, l'E.D.F. joue à la fois le rôle de maître de l'oeuvre et d'architecte industriel (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 249). L'architecte en chef est maître d'oeuvre responsable. Il coordonnera l'exécution selon le programme approuvé par le maître d'ouvrage (Gds ensembles habit., 1963, p. 8).
P. anal. Celui qui assure la conception, la direction, la réalisation de travaux intellectuels, artistiques, scientifiques. On sent quelle est la grandeur du rôle d'un Kapellmeister wagnérien (...). Il est vraiment le «maître de l'oeuvre» ainsi qu'on appelait au moyen-âge l'architecte d'une cathédrale (P. LALO, Mus., 1899, p. 174). À la pointe agissante de notre civilisation, le scientifique est le maître d'oeuvre de la grande entreprise de conquérir le monde extérieur (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 57).
b) Dans le domaine comm.
Vieux
Maître, maîtresse d'auberge, de café. Personne qui tient une auberge, un café dont elle est en général propriétaire. Le lendemain à dix heures, Gazonal (...) attendit son amphitryon en piétinant pendant une heure sur le boulevard, après avoir appris du cafétier (nom des maîtres de café en province) que ces messieurs déjeunaient habituellement entre onze heures et midi (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 302).
Maître, maîtresse de pension. Celui, celle qui tient une pension, en particulier une maison d'éducation. Le maître et la maîtresse de pension chez lesquels je mange (MICHELET, Journal, 1828, p. 709). Son ancienne maîtresse de pension de la rue de Vaugirard lui avait souvent proposé de rentrer chez elle pour y enseigner le dessin (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 156).
Maître d'hôtel. V. hôtel A 2 a et b.
Vx. Maître, maîtresse de poste. Celui, celle qui tient un relais de poste aux chevaux. Madame Gélinotte (...) autrefois maîtresse de poste à Châtellerault (LABICHE, Deux papas, 1845, XIV, 1, p. 626). Les maîtres de poste vous louaient leurs chevaux à raison de vingt centimes le kilomètre (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 28).
c) Dans le domaine des activités artistiques et des sports
CHORÉGR. Maître de ballet (fém. maître ou maîtresse de ballet). Collaborateur du directeur artistique d'une troupe ou d'une compagnie de ballet, ayant la responsabilité de l'ensemble du spectacle (d'apr. BARIL 1964). Elle danse, comme devant, et connaît trois puissants dieux: le directeur du Grand-Théâtre, la maîtresse de ballet et le patron de l'hôtel (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 128). V. ballet ex. 2.
CHASSE. Maître d'équipage. Propriétaire des équipages (v. ce mot A 2 a) qui préside à l'organisation et à la direction d'une chasse à courre. La chasse continuait pourtant, et Angèle le savait. Et elle croyait savoir le nom du maître d'équipage (VIALAR, Bête de chasse, 1952, p.89).
d) Dans le domaine de l'éduc.
Maître, maîtresse d'internat. V. internat A 2 a.
Vieilli. Maître d'étude. V. étude III A 2. Synon. vieilli ou vx maître de quartier, maître répétiteur, sous-maître.
2. [Fém. dans qq. emplois] Personne qui dirige des ouvriers, des employés, des subordonnés. Maître, maîtresse d'atelier.
a) Personne qui dirige à titre de patron, d'employeur (v. aussi infra II B 1). Maître charpentier; maître menuisier. Il n'y a pas de maîtresse lingère ou autre qui ne recommande à ses filles de boutique de parler au monde poliment (MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 218). Les maîtres sont obligés d'envoyer deux heures par jour à l'école tous les enfants de douze à quinze ans qui travaillent dans leurs ateliers (TAINE, Notes Anglet., 1872, p.314). Il [un vieux maçon] n'était employé par les maîtres maçons que dans les temps de grande presse, et on lui confiait volontiers le soin de gâcher le mortier (R. BAZIN, Blé, 1907, p.192).
Maître imprimeur. Chef d'une entreprise d'imprimerie. On ne la trouve [une certaine «méchanceté professorale»] ni chez les typos ni chez les maîtres imprimeurs. On ne la trouve ni chez les éditeurs ni chez les libraires (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1192).
b) Celui qui est le chef d'une équipe. Maître(-)compagnon, maître(-)garçon, maître(-)ouvrier, maître(-)porion, maître(-)valet, etc. Celui qui a autorité sur des compagnons (surtout dans le domaine de la maçonnerie), des garçons de boutique, des ouvriers, des porions, des valets de ferme, etc. Trop heureux jusque-là d'avoir trouvé ce travail de bagne, acceptant la brutale hiérarchie du manoeuvre et du maître ouvrier (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1169). Les domaines alors avaient l'aspect de colonies, avec leurs maîtres-valets, leurs bouviers, leurs charretiers, leurs «brassiers» ou ouvriers de main (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 44). La victime serait un certain Jean Niclot, dit Jean-Jean, maître-garçon aux abattoirs de la Villette (ARNOUX, Paris, 1939, p. 301).
Maître(-)clerc. V. clerc C 1.
Maître(-)coq. V. coq2 et maître-queux (s.v. queux).
c) Spécialement
Dans les métiers de l'armée. Maître ouvrier des corps de troupe. Ouvrier qualifié ayant grade de sous-officier, travaillant dans les corps de troupe sous le contrôle du service de l'Intendance et dirigeant un atelier. Maître bottier. C'était même une chose connue, qu'il avait quelque part, en ville, chez un ami, une complète tenue de fantaisie pour les jours de grandes permissions: un dolman de sous-officier (...), ainsi qu'un pantalon de cheval, retouché sur lui-même par le maître tailleur (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, I, 1, p. 11). V. aussi commissionner ex. 1.
MARINE
Maître d'équipage ou, absol., maître.
Vx, dans la mar. milit. Officier marinier, premier maître de manoeuvre, ayant autorité sur tout l'équipage. Malgré toutes mes précautions cependant, le maître d'équipage passa à travers une crevasse qu'il eût été possible d'éviter; mais chacun sait combien il est difficile d'être prudents avec des matelots (BELLOT, Voy. mers polaires, 1863, p. 152).
Dans la mar. marchande. Marin qualifié chargé de diriger l'équipage du pont. Le personnel du pont est encadré par une maistrance qui comprend d'abord les «maîtres d'équipage». Ce sont généralement des marins confirmés par plusieurs années de navigation et qui ont le sens de l'autorité (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 157).
MAR. NAT. Maître chargé ou, suivi du nom de la spécialité, maître de manoeuvre, maître canonnier, maître fusilier, maître électricien, maître fourrier, maître commis, etc. Officier marinier le plus gradé dans sa spécialité, chargé du matériel d'un service. Sur sa robe de vieux satin noir un grand col bleu de maître-timonier (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 168).
MAR. MARCHANDE. Maître au cabotage. ,,Marin qui ayant passé des examens spéciaux, a le droit de commander un navire armé au cabotage`` (SOÉ-DUP. 1906).
3. [Comme titre donné aux détenteurs de certaines charges, de certaines dignités, de certains postes]
a) Maître des requêtes au Conseil d'État (fém. maître). Membre du Conseil d'État, situé hiérarchiquement au-dessus des auditeurs et au-dessous des conseillers, chargé de présenter des rapports sur les affaires qui lui sont soumises. Un quart des postes de maîtres de requêtes et un tiers de ceux de conseillers peuvent être pourvus «au tour extérieur», c'est-à-dire par nomination, effectuée par le gouvernement, de personnes réunissant les conditions d'âge et de service public prévues par la réglementation (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 40).
b) Dans le domaine de l'enseign. sup. et de la rech.
Maître(-)assistant (fém. maître). Membre de l'enseignement supérieur situé hiérarchiquement entre l'assistant et le maître de conférences, chargé d'un service d'enseignement et de certains travaux de recherche. La représentation des enseignants exerçant les fonctions de professeur, maître de conférences, maître-assistant (...), doit être au moins égale à celle des étudiants dans les organes mixtes, conseils et autres organismes où ils sont associés (Loi orient. Enseign. sup., 1968, p. 10).
Maître de conférences (fém. maître). V. conférence C 1 a.
Maître de recherche (fém. maître). Membre du corps des chercheurs au Centre national de la recherche scientifique, situé hiérarchiquement entre le chargé de recherche et le directeur de recherche. Lorsque les nécessités du service le demandent, les maîtres de recherche peuvent être maintenus en fonction jusqu'à 70 ans s'ils réunissent les conditions intellectuelles et physiques suffisantes (G. DRUESNE, Le Centre nat. de la rech. sc., Paris, Masson, 1975, p. 277).
HIST. DE L'ÉDUC. Grand(-)maître de l'université. Le ministre chargé de l'enseignement. Le grand-maître aura la nomination aux places administratives et aux chaires des collèges et des lycées; il nommera également les officiers des académies et ceux de l'université (Doc. hist. contemp., Décret sur l'organ. de l'université, 1808, p. 132).
c) Dans le domaine des instit. relig. Maître du Sacré-palais. ,,Dominicain qui a pour mission de surveiller au point de vue de la foi, tout ce qui se publie ou s'imprime et déjà au Vatican`` (MARCEL 1938). Le Maître du sacré palais a dans son département la censure des livres qui sortent des presses de l'État ecclésiastique (STENDHAL, Rome, Naples et Flor., t. 2, 1817, p. 364).
d) HIST. Maître des hautes, des basses oeuvres (vx). Le bourreau. Synon. exécuteur des hautes, des basses oeuvres (v. bas ex. 52).
e) HISTOIRE
[Au Moy. Âge et sous l'Anc. Régime]
Maître des comptes. Officier de justice des chambres de comptes établies dans les principales villes françaises, situé hiérarchiquement au-dessous du président. Que dis-tu de notre maître des comptes, La Chapelle-Marteau? (DUMAS père, Henri III, 1829, I, 3, p. 129). Mod. Conseiller(-)maître à la Cour des Comptes. V. conseiller II C.
Maître des eaux et forêts. Officier royal ayant inspection et juridiction sur les eaux et forêts d'une circonscription. Maître particulier; grand(-)maître. La Fontaine, tout maître des Eaux et Forêts qu'il est, ne nous présente ici [dans Adonis] qu'une vénerie de rhétorique pure (VALÉRY, Variété [I], 1924, p.85).
♦[Désignant certains dignitaires de la cour] Grand(-) maître de France; maître, grand(-)maître des cérémonies, de la garde-robe. Le sire de Neufchâtel grand-maître de la maison; le sire de Toulongeon, grand-maître de l'écurie (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 184).
HIST. ROMAINE. Maître de la cavalerie. Magistrat exceptionnel et inamovible, auxiliaire principal du dictateur et choisi par celui-ci. C'est ce jeune guerrier couvert de blessures, qui triompha de Carrausius; c'est le maître de la cavalerie; c'est le préfet des Gaules (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 179). Lépide fut maître de la cavalerie de César dictateur (PELL. 1972).
4. [Désignant le titulaire d'un grade]
a) MAR. Officier marinier de la marine militaire (et, p.anal., de la marine marchande), dont le grade, intermédiaire entre celui de second maître et celui de premier maître, correspond au grade de sergent-major dans l'armée de terre. V. infra ex. de BONN.-PARIS 1859.
♦[Précédé ou suivi d'un adj. pour désigner les grades inférieurs ou supérieurs à celui de maître] Maître principal. V. aussi contremaître A et quartier-maître. Le Maître et le premier Maître sont choisis parmi les seconds Maîtres qui ont servi, au moins pendant six mois, à bord d'un vaisseau ou d'une frégate, ou d'une corvette de 24 bouches à feu, dans la première classe du grade de second Maître (BONN.-PARIS 1859). Il apercevait tout à fait à l'avant, sous le gaillard, l'entrée du poste des matelots et des cabines d'Holmès, des seconds maîtres et du charpentier (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 112).
P. ext., au plur. Ensemble des officiers mariniers d'un navire. Dans tous les entreponts habités [d'un navire de guerre] (logements des officiers et des maîtres, poste de l'équipage, etc.), on recouvre le platelage en acier de linoléum (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 366). Le poste des maîtres, la cuisine des maîtres, le canot des maîtres (LE CLÈRE 1960).
b) ) [Dans un ordre civil ou milit., un ordre de chevalerie] Celui qui dirige, le chef. Grand maître de l'ordre de Malte; grand maître des Templiers, des Hospitaliers. Parmi les grands vassaux, les plus puissants (...) étaient les chefs ou Maîtres des ordres de chevalerie établis en Espagne vers le milieu du douzième siècle (...). Un Maître exerçait sur les frères de son ordre une autorité (...) absolue (MÉRIMÉE, Don Pèdre Ier, 1848, p. 22).
Grand Maître de (l'ordre de) la Légion d'honneur. Le président de la République est le Grand Maître de la Légion d'honneur (QUILLET 1965).
) [Dans une loge maçonnique] Franc-maçon qui a le troisième grade. L'initiation, dont les épreuves permettent au profane de devenir apprenti, puis d'accéder aux grades de compagnon et de maître, revêt à la fois une signification symbolique — la renonciation aux habitudes du monde et la découverte de la «lumière» — et une valeur éducative — la préparation au langage des symboles (Encyclop. univ. t. 10 1971, p. 258).
Grand maître. ,,Chef d'un pouvoir maçonnique qui régit un ensemble de loges`` (Lar. 20e).
c) ARM. Maître de camp. V. mestre1. Don Gregorio Obregon, qui reprend le grade de maître de camp dans les troupes de débarquement (MONTHERL., Maître Sant., 1947, I, 4, p. 609).
B. — [Exprimant un degré de qualification professionnelle ou le statut qui y est attaché]
1. [Dans le domaine des métiers]
a) [Au Moy. Âge et jusqu'au XIXe s.] Celui qui, ayant accompli son apprentissage et réalisé le chef-d'oeuvre, avait obtenu les lettres de maîtrise et était reçu dans un corps de métier (ce qui lui conférait le droit d'avoir des compagnons et des apprentis). Passer maître; maître juré; maître charpentier, maître drapier, maître sonneur. Fils d'un maître coutelier, reçu maître lui-même dès son enfance, il allait quelquefois servir la messe aux Blancs-Manteaux, où un religieux le distingua, lui apprit le rudiment (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 6, 1852, p.262). Autrefois, les fêtes patronales étaient célébrées par les maîtres comme par les ouvriers. On se faisait des invitations mutuelles. Tout fraternisait en ces beaux jours. Les maîtres ont laissé crouler leurs associations, leurs confréries (...). Mais la vieille tradition se conserve parmi les compagnons, et cela dans chaque métier, dans toutes les Sociétés, dans tous les devoirs (A. PERDIGUIER, Mém. d'un compagnon, Paris, Maspéro, 1977 [1852-53], pp. 318-319):
11. L'industrie est assez prospère pour que les étuveurs soient constitués en métier: ils sont trois jurés élus par les maîtres, et ils sont soumis à des règlements dont les uns concernent l'hygiène et les autres la morale.
FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 192.
Au fém. Les Maîtresses étaient dans les Communautés de marchandes et ouvrières, ce qu'étaient les Maîtres (...) dans les Communautés des marchands et ouvriers (HAVARD t. 3 1889, s.v. maîtresse).
b) Mod., DR. COMM. Maître(-)artisan. ,,Le titre de maître-artisan en son métier constitue la reconnaissance d'une habileté technique, une qualification supérieure dans [le] métier et une culture professionnelle attestée par la possession du brevet de maîtrise`` (Décret du 1er mars 1962 ds J. ROBERT, L'Artisanat et le secteur des métiers, Paris, A. Colin, 1966, p. 77). V. artisan I A dr. comm.
[Suivi d'un subst. indiquant le métier pour lequel la qualification a été reconnue] V. aussi supra II A 2 a. Cette consécration, c'est l'examen avec ses diverses épreuves dont le résultat permettra à l'élu de se dire maître en serrurerie d'art, maître serrurier constructeur, maître réparateur de serrurerie, etc... ou maître en toutes matières (FILLON, Serrurier, 1942, p.44).
Rem. La lang. comm. actuelle abonde en composés où le 1er élém. maître semble seulement destiné à indiquer l'habileté de celui qui exerce le métier en question. Maître-tapissier, maître-verrier. 8 Français sur 10 pourraient recevoir leurs amis autour d'un feu de bois. R.L.D., maître-atrier répond à leurs questions (Femmes d'aujourd'hui, 23 oct. 1968). J.L., Maître-rôtisseur: Grillades au feu de bois (Le Monde 7 avr. 1966 ds GILB. Mots nouv. 1971).
c) P. anal.
) [Placé devant un autre subst. pour indiquer le degré de perfection atteint dans un art, une spécialité, un type de comportement ou pour renforcer une qualification injurieuse] Un maître écrivain; un maître sot; un maître filou. Elle m'a prouvé qu'elle reste une maîtresse femme de ménage (RENARD, Journal, 1901, p. 676). Sénac aurait-il quand même l'étoffe d'un bon salaud moyen, sinon d'un maître salopard? (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 215). Le maître-argotier Émile Chautard, un simple prote d'imprimerie (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.242).
Maîtresse femme. V. femme I B 2 a. P. anal. Maître homme. Homme très habile dans son domaine. Il attendait l'attaque et toujours triomphait. Ah! celui-là, c'était un maître homme (COPPÉE, Pour couronne, 1895, p. 270).
) Locutions
Être, passer maître en, dans qqc. Être, devenir très habile dans un art, une science, un type de comportement. V. aussi infra II C 3. J'avais cru d'abord que son art, où il était vraiment passé maître, lui avait donné des supériorités qui dépassaient la virtuosité de l'exécutant (PROUST, Sodome, 1922, p.1032):
12. Je vais dévoiler tous les mystères: mystères religieux ou naturels, mort, naissance, avenir, passé, cosmogonie, néant. Je suis maître en fantasmagories. Écoutez!...
RIMBAUD, Saison enfer, 1873, p. 221.
Rem. Dans cette loc., la forme fém. est attestée au XIXe s. Vous voilà maîtresse passée en fait de ressources d'esprit et de patience (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 281). Bibi-Djânèm, passée maîtresse en ce genre d'escrime (GOBINEAU, Nouv. asiat. 1876, p. 128). À l'époque mod., l'élém. subst. paraît inv. Elle est passée maître dans l'art de mentir (Pt ROB.). Je suis passée maître en gentillesse, souriants baisers, formules embaumées (A. SARRAZIN, La Traversière, p. 17 ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
Coup de maître. Œuvre parfaitement réussie; action d'éclat. Au point où il en est, un beau mariage serait un coup de maître (AUGIER, Effrontés, 1861, IV, p. 333).
De main de maître. D'une manière magistrale; avec une habileté consommée ou avec une grande force. Le jeune homme, s'échauffant peu à peu, devient furieux, et rosse de main de maître l'impertinent qui le provoque (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 15). On doit avouer que la discussion du problème est conduite de main de maître. Il faut seulement ajouter que cette maîtrise même ne fait que mieux souligner les dangers de la position (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 28).
(Faire qqc.) en maître. Même sens. Lord David hantait les cavernes (...). On l'appelait Tom-Jim-Jack. Sous ce nom, il était populaire, et fort illustre dans cette crapule. Il s'encanaillait en maître. Dans l'occasion, il faisait le coup de poing (HUGO, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 7).
2. [Dans l'Université]
a) Anciennement. Maître ès-arts. Celui qui avait obtenu les grades universitaires permettant d'enseigner les arts libéraux, en particulier les humanités et la philosophie. Un curé nommé Regnaud, maître ès-arts, homme fort estimé et honoré (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 97).
b) Mod. Titulaire de la maîtrise (v. ce mot B 4 b).
C. —Celui, celle qui enseigne, instruit, qui a des élèves, des disciples.
1. Personne qui a pour rôle d'enseigner ou qui fait métier d'enseigner à titre public ou privé.
a) [Comme terme générique] M. Jacquinet, qui a été un des maîtres les plus appréciés de l'École normale (LEMAÎTRE, Contemp., 1885, p. 182). J'enviais surtout les élèves d'Alain, ceux qui avaient été initiés dès le commencement de leur vie aux grands anciens, alors qu'il ne s'agissait pour mes maîtres que de savoir ce qu'il fallait savoir pour être reçu au baccalauréat (MAURIAC, Nouv. mém. intérieurs, Paris, Flammarion, 1965, p. 300).
b) En partic.
) [Dans l'enseign. primaire]
Maître, maîtresse (d'école). Celui, celle qui enseigne les matières élémentaires aux enfants dans un établissement scolaire ou dans le particulier. Synon. instituteur, précepteur. Tu vas maintenant apprendre le français, l'histoire, la géographie et l'arithmétique... Ta maîtresse viendra trois fois par semaine (GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 67). Certes, le maître d'école n'est pas un savant, mais il unit à une grande expérience des choses de la terre une conscience nette comme un cristal (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 39).
P. métaph. Leur maître principal [des petits Hugo] fut le jardin, où leur mère les laissait étudier le premier de tous les livres, la nature (Mme V. HUGO, Hugo, 1863, p. 130).
Élève-maître, élève-maîtresse. Personne qui se prépare aux fonctions d'instituteur en recevant une formation dans une école normale. Les élèves-maîtres et élèves-maîtresses pourvus du certificat de fin d'études normales n'ont qu'à subir l'épreuve pratique du certificat d'aptitude pédagogique pour être titulaires de ce dernier diplôme (Encyclop. éduc., 1960, p. 314).
) [Dans l'enseign. secondaire] Maître, maîtresse auxiliaire. Enseignant, enseignante non titulaire, occupant un poste vacant ou assurant la suppléance en l'absence d'un professeur. Les maîtres auxiliaires ont les mêmes maxima de service que les professeurs donnant le même enseignement (Encyclop. éduc., 1960 p. 324).
) Vieilli dans la plupart des emplois. [Suivi d'un compl. déterminatif ou d'un subst. apposé indiquant la spécialité] Celui, celle qui enseigne une discipline, un art, une science. Synon. mod. professeur. Maître, maîtresse de français, de chant; maître de danse ou maître à danser. Il vint chez nous (...), trois fois par semaine, un maître d'écriture, un maître de danse, une maîtresse de musique (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 382).
Maître d'armes. V. arme II C 1.
Maître(-)nageur ou, vieilli, maître(-)baigneur. Professeur de natation, chargé aussi de surveiller le bain au bord de la mer ou dans un établissement thermal. Les maîtres baigneurs sont prudents, sachant rarement nager (PROUST, J. fille en fleurs, 1918, p. 685).
Maître de manège. Celui qui, dans un établissement équestre, dirige les exercices, donne les leçons d'équitation. Synon. mod. instructeur, écuyer-professeur (cf. TONDRA Cheval 1979). Dans les promenades avec le maître du manège, il était presque régulièrement jeté par terre (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 264).
Au fig. Celui ou ce qui donne la connaissance, l'expérience de quelque chose. Pour le Grec (...) la nature est (...) une maîtresse de droiture et de vertu (RENAN, St-Paul, 1869, p.205). Sur tous les territoires que les Allemands ont occupés, on recueille que les Prussiens sont des maîtres de férocité (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1918, p. 369). Il faut dire que c'est l'architecture qui est surtout maîtresse de style (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.201).
c) RELIG. Maître, maîtresse des novices. Personne chargée de la formation et de l'instruction des novices dans un institut religieux. Retour de la mère Angélique à Port-Royal (elle y a charge de maîtresse des novices et y fait des conférences qui renouvellent l'esprit) (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p.342).
d) Au masc., BEAUX-ARTS. Artiste, peintre ou sculpteur, qui dirigeait un atelier et formait des élèves travaillant sous son contrôle, parfois à la même oeuvre. Lorsque le cortège s'est mis en marche, les élèves de Girodet ont été prendre le corps de leur maître (DELÉCLUZE, Journal, 1824, p. 52). Les artistes de la Renaissance vivent dans l'atelier du maître, ils sont les confidents de sa pensée, les collaborateurs de son oeuvre (SÉAILLES, E. Carrière, 1911, p. 65).
Le Maître de (suivi d'un nom de localité ou du titre d'une oeuvre). Formule empl. pour désigner un artiste anc. anonyme que l'on nomme d'après l'une de ses oeuvres ou d'apr. le lieu où il a travaillé Le Maître de Moulins; le Maître de la Sainte Véronique. Une génération passe et voici, attribué au Maître du crucifix de saint François, un Christ conservé par la pinacothèque de Pérouse (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 361).
Dessin de maître. ,,Dessin qui ressemble à un dessin ancien`` (HUGUES, Expr. atelier, s.d.).
2. Au masc. Celui qui fait école; celui dont on est le disciple, dont on reçoit et reconnaît l'enseignement, la doctrine (en matière intellectuelle, artistique, morale); celui qui représente un modèle, un guide, un initiateur. Prendre pour maître, se réclamer d'un maître. C'est (...) une véritable transposition d'un art dans un autre. Les maîtres de cet artiste [Redon] sont Baudelaire et surtout Edgar Poe (...); là, est la vraie filiation de cet esprit original (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 300). Si le langage du maître [Socrate] avait toujours été celui que Xénophon lui prête, comprendrait-on l'enthousiasme dont il enflamma ses disciples et qui traversa les âges? (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 61):
13. ... «Obéir d'abord». Ne t'imagine pas qu'en acceptant cette sentence j'abandonne provisoirement mon libre arbitre. Cela signifie, dans mon esprit: «Choisir ses maîtres, après mûre réflexion, et leur obéir». Tu voudras bien noter que j'ai dit «ses maîtres» et non «ses chefs». L'idée du chef ne m'est pas absolument étrangère, pourtant elle m'est moins sensible que celle du maître. Je veux apprendre — c'est-à-dire prendre, saisir — je veux m'accroître...
DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 30.
Loc. et expr.
Maître à penser. Celui qui dirige ou influence la pensée de quelqu'un. À ce moment, en Allemagne, c'était Wolff qui remplissait cet office de maître à penser (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 7, 1853, p. 459). La littérature polonaise demeure, jusque vers 1920, plus que jamais consciente du rôle patriotique qui lui incombe. L'écrivain n'est pas tant un libre créateur qu'un maître à penser et surtout à sentir nationalement (Arts et litt., 1936, p. 50-8).
Jurer sur la parole du maître. Abdiquer tout esprit critique devant celui auquel on reconnaît une autorité intellectuelle absolue. Ces docteurs (...) jurent, les yeux fermés, sur la parole de leur maître (DELACROIX, Journal, 1853, p. 109).
♦[P. allus. à l'argument des scolastiques recourant à l'autorité d'Aristote] Le maître l'a dit. Même sens. L'homme ne dira plus:«Le maître l'a dit». L'homme est émancipé de l'homme. L'homme dira: «La vérité dit, la science dit» (P.LEROUX ds Lar. 19e, s.v. magister dixit).
3. Au masc. Celui qui est digne de faire école, qui manifeste une compétence exceptionnelle ou un talent supérieur (dans un art, une discipline intellectuelle ou scientifique). V. aussi supra II B 1 c . Les anciens, les vieux maîtres; un tableau de maître; les maîtres de la peinture, de la musique, de l'éloquence, de la science; les maîtres flamands; les maîtres de l'école flamande. Antoine imaginait son avenir pareil à celui des plus grands maîtres: avant la cinquantaine, il posséderait à son actif nombre de découvertes (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1130). Enfin vient l'âge où l'on relit, les maîtres surtout, parce que les classiques sont situés à des hauteurs qui permettent de les apercevoir de partout (MORAND, Excurs. immob., 1944, p.130):
14. L'artiste qui se borne à imiter la nature n'en saisit que l'individualité:il est esclave. Celui qui interprète la nature (...) en démêle le caractère:il est maître. L'artiste qui l'idéalise y découvre ou y imprime l'image de la beauté:celui-là est un grand maître.
Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 11.
BEAUX-ARTS. Petit maître. Artiste de valeur, mais de second plan. Nous n'avons souvent pu que nommer quelques-uns de ces «petits maîtres», joie et délices des amateurs (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 160).
III. — [Comme appellatif]
A. — [Pour désigner, à l'exclusion des juges, des gens de loi ou officiers ministériels (avocats, notaires, huissiers) ou s'adresser à eux] L'avocat de Landru était nain. Quand il a commencé sa plaidoirie, le président Ravelle lui a dit: Maître Bertet, on plaide debout (GIRAUDOUX, Folle, 1944, II, p. 137).
Loc. fig. Compter de clerc à maître. V. clerc C 2.
B.Vx ou région. [Suivi du nom ou du prénom, pour désigner des agriculteurs propriétaires ou pour s'adresser à eux; au fém. maîtresse] Le fermier, maître Gouy, vociférait contre un garçon (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 22). Courez aux Buttes... La maîtresse Honorine, vite, vite! (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 194).
C.Vx ou région. Notre maître, notre maîtresse. [Comme titre donné aux propriétaires d'un domaine par les métayers et les valets de ferme s'adressant à eux] «Hé bien! Ça te va-t-il?» Elle répondit avec une physionomie triste: «Quoi, not' maître?» Alors lui, brusquement: «Mais de m'épouser, pardine!» (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 33).
D.P. allus. littér.
Maître aliboron.
[P. réf. à un personnage de L'Avare de Molière, à la fois cocher et cuisinier] Maître Jacques. Factotum. Mais nous sommes si peu nombreux à Notre-Dame de l'Âtre que nous devenons forcément des maîtres Jacque [sic]. Voyez le père Étienne qui est cellérier de l'abbaye et hôtelier, il est aussi sacristain et sonneur de cloches (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 308).
[Par imitation de La Fontaine] Sitôt pétris, sitôt soufflés, Maître Serpent les a sifflés, Les beaux enfants que vous créâtes! (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 140).
E. — [Pour s'adresser à un artiste reconnu, à un professeur éminent ou considéré comme tel] J'ai plaisir à donner du Cher Maître aux vieux «Goncourts» et aux survivants de la génération Symbolonaturaliste (LARBAUD, Journal, 1931, p. 252).
Prononc. et Orth.:[], [-]. MARTINET-WALTER 1973: 7/17 [-]. Homon. mètre, mettre. Ac. 1694, 1718: maistre, maistresse; dep. 1740: maître, maîtresse. Étymol. et Hist. V. maître2. Bbg. QUEM. DDL t. 10 (s.v. maîtresse du logis); t. 18 (s.v. maîtresse d'école).
II.
⇒MAÎTRE2, MAÎTRESSE, adj.
A. — 1. De maître, d'un maître. La conscience maîtresse s'oppose à la conscience serve (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 142).
Qui convient à un maître, est digne d'un maître (par sa force, son autorité, sa qualité, etc.). V. magistral I B 1 et 2. Une voix maîtresse:
1. Plus tard, il arrivera à cette manière pleinement maîtresse, plus resserrée et particulièrement heureuse et qui fait de lui le plus habile, le plus parfait discoureur, le plus piquant historien de l'Académie.
PROUST, Chron., 1922, p. 50.
2. P. méton. Qui est formé, constitué de maîtres. Dans les villes d'Eubée la classe maîtresse s'appelait les chevaliers (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 325). Garde au fond de ton coeur ce qu'il forme d'amer, Et reçois le décret de la Race maîtresse (VALÉRY, Cantate du Narcisse, 1939, p. 258).
B. — [En parlant d'une chose comparée à d'autres de même nature]
1. Qui est le plus important (par ses dimensions, sa position, son rôle, sa valeur, etc.). Synon. principal, fondamental, majeur, essentiel; anton. secondaire, accessoire. Maîtresse pièce ou pièce maîtresse (d'un ouvrage, d'un ensemble); maîtresse poutre ou poutre maîtresse (d'une charpente). V. aussi maître-autel. Le maître brin d'une plante (Ac. 1798-1935). Rien ne ressemble à l'enthousiasme que sa vue [du Pont-Neuf] excita, lorsque, après de grands travaux, il eut (...) rejoint plus étroitement les trois cités de la maîtresse ville (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 191).
Spécialement
a) ARBORIC. Maîtresse branche ou branche maîtresse (d'un arbre). La branche principale, ,,celle qui se détache du haut du tronc, au-dessus du fût`` (PLAIS. 1969). Synon. branche-mère.
b) MARINE
Maître(-)couple. Couple situé à l'endroit où le navire présente le maximum d'ouverture:
2. Dieu pétrit la mer. Nous sommes perdus. J'entends craquer les maîtres couples du navire... Ils ne doivent point se révéler puisqu'ils sont cadres et armatures.
SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 527.
Maître(-)bau. Le plus long des baux d'un navire et qui correspond au maître couple. (Dict. XIXe et XXe s.).
P. ell. Largeur, coupe au maître. On appelle «coupe au maître» un plan en coupe du navire ayant comme repère le maître-bau ou le maître-couple (LE CLÈRE 1960).
c) MÉCANIQUE
Maître(-)couple. ,,La plus grande section d'un mobile pratiquée perpendiculairement à la direction du mouvement. Maître couple d'un fuselage d'avion, d'une automobile`` (QUILLET 1965). V. supra B 1 b. [Les] fuselages [d'avions] (...) doivent (...) affecter une forme fuselée ayant son maître couple au tiers avant (GUILLEMIN, Constr., calcul et essais avions, 1929, p. 92).
♦[Pour désigner la pièce principale d'un système, celle qui commande ce système] Anton. asservi. Maître pendule. À la position de repos, freins desserrés, il n'y a pas d'interruption dans le circuit hydraulique depuis le maître cylindre jusqu'aux cylindres de roues (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 256).
d) JEUX
Atout maître. Carte d'atout la plus forte. Lorsque l'adversaire se trouve posséder un atout maître, et un seul, il y a généralement intérêt à ne pas le faire tomber (G. VERSINI, Le Bridge, Paris, P.U.F., 1968, p. 93).
Carte maîtresse. Carte la plus forte de celles qui restent à jouer dans une couleur donnée. Les journalistes, tout naturellement, sont amenés, quand ils relatent des péripéties de la vie internationale, à employer des métaphores qui s'en inspirent [des jeux]: le bluff, les surenchères, les pions que l'on déplace, les atouts que l'on abat ou que l'on dissimule, (...) les cartes que l'on abat, les cartes maîtresses et les relances (Jeux et sports, 1967, p. 769).
e) Dans le domaine intellectuel et moral. Les qualités maîtresses (de qqn, d'un ouvrage); l'oeuvre maîtresse de qqn. Pour eux, au fond, la pensée maîtresse, la grande idée centrale, c'est l'idée de Naquet. La France donnant l'exemple, prenant l'initiative du désarmement (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913, p. 71). Cette faculté de métamorphose qui est sa faculté maîtresse, Amiel la possède à l'échelle cosmique pour l'infiniment petit non moins que pour l'infiniment grand (DU BOS, Journal, 1921, p.26).
Maître mot. Mot doté d'un pouvoir spécial, d'une énergie, d'une efficacité particulière:
3. ... que nous devions ne plus tenir compte de ce que Pascal (...) a baigné d'une admirable lumière, et qu'il faisait tenir dans les cinq mots inscrits sur le papier dont il ne se sépara jamais: Grandeur de l'âme humaine, que nous devions avoir honte de cet héritage et le jeter par-dessus bord, alors il ne nous reste plus, dans l'excès de notre indignation, que d'appeler à notre secours Ubu, cet alittérateur illustre, et que de lui emprunter le maître mot qu'il a eu, le premier, l'inspiration d'écrire en six lettres.
MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 217.
2. [Avec une valeur de superl. abs.] Qui est très important (par ses dimensions, sa force, sa valeur, etc.). Un marteau qui (...) frappait sur la tête grimaçante d'un maître-clou (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 26). Quelle ruse maîtresse cachait cette apparence? (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 181). Vous n'avez jamais connu les batailles d'Orient, où tous les coups sont maîtres (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 180).
Prononc. et Orth.: [], [-]. MARTINET-WALTER 1973: 7/17 [-]. Homon. mètre, mettre. Ac. 1694, 1718: maistre; 1740-1835: maître; dep. 1878: maître, maîtresse. Étymol. et Hist. A. Maître, maîtresse en appos. ou adj. 1. a) ca 1100 le plus maistre «principal, le plus important» (Roland, éd. J. Bédier, 1818); ca 1150 mestre clerc «le premier du clergé, qui dirige les offices dans l'église» (WACE, Vie St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 966); 1155 maistre esturman «timonier» (ID., Brut, éd. I. Arnold, 11214); b) 1669 maîtresse femme (WIDERHOLD Fr.-All.); c) 1832 maître compagnon (RAYMOND); 2. a) 1487 maistresse ville «capitale» (GARBIN ds FEW t. 6, 1, p. 41a); b) mar. 1611 maître cable (COTGR.); 1754 maître couple (Encyclop., s.v. couple); c) technol. 1694 maîtresse pièce (Ac.); d) 1845 maîtresses cartes «cartes du quatrième lot et de la dernière qualité qui puissent entrer dans un jeu» (BESCH.) [cf. 1763 subst. maîtresses «cartes qui ont des défauts (terme de cartier)» (Encyclop., t. 23, Cartier, p. 3)]; 1902 atout maître (Nouv. Lar. ill.). B. Personne qui exerce une domination 1. a) 1155 «celui qui a autorité sur d'autres» (WACE, Brut, éd. citée 3120); b) 1160-74 «possesseur d'un animal domestique» (ID., Rou, éd. A. J. Holden, III, 8277); 2.a)ca 1190 «seigneur (par rapport au vassal)» (Floovant, éd. S. Andolf, 856); b) ca 1500 le maistre des seigneurs «Dieu» (COMMYNES d'apr. FEW t. 6, 1, p. 34b); 1685 le maître du monde (LA FONTAINE, Philémon et Baucis ds Œuvres. éd. H. Régnier, t. 6, p. 156); 3. loc. a) 1176 estre a mestre «avoir trouvé son maître» (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A.Micha, 938); 2e moitié XIIIe s. trover son mestre (Blancandin, éd. F.P.Sweetser, 1877); b) ca 1274 estre maistre de qqc. «être libre d'en disposer, d'en décider» (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 356); 1462 estre maistre de «dominer, en venir à dominer» (VILLON, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 760); c) 1538 faire le maître «user et abuser de son pouvoir» (EST., s.v. sustinere); d) 1538 être maître de soi «ne dépendre de personne» (ibid., s.v. imperiosus); e) 1667 être maître de + inf. «avoir la liberté, le pouvoir de» (RACINE, Andromaque, IV, 5); f) 1668 l'œil du maître (LA FONTAINE ds Œuvres, éd. cit., t.1, p.352); 4. a) 1532 maître de la maison «celui qui commande dans la maison» (RABELAIS d'apr. FEW t.6, 1, p.36b); 1673 maîtresse du logis (Mme DE SÉVIGNÉ, Let., à Mme de Grignan, 25 oct., I, 616 ds QUEM. DDL t. 10); b) 1588 maistre de famille (MONTAIGNE, Essais, livre II, chap. 22, éd. P. Villey, p.680). C. Personne qualifiée pour diriger 1. a) 1160-74 «celui qui conduit le personnel, dirige les opérations d'un service» (WACE, Rou, éd. cit. II, 1417); b) ca 1225 mestre d'ostel «majordome» (Hist. G. le Maréchal, 6544 ds T.-L.); c) 1297 mastre des comptes (A.N. J 654, pièce 16 ds GDF. Compl.); d) 1350 maistre de l'euvre «celui qui dirige la construction d'un édifice» (H. LOH, Histoires tirées de l'Ancien Testament, p.40); e) 1418 maistre ouverier «ouvrier qualifié» (Règlements et privilèges des XXXII métiers de la cité de Liège, fasc. I: les Fèvres, éd. G. Hansotte, p.39 [3]); f) 1688 maître d'équipage «officier choisi parmi les matelots les plus expérimentés pour avoir soin de l'équipement des vaisseaux dans un arsenal» (MIEGE); 1835 «sous-officier qui a autorité sur tout l'équipage» (Ac.); 2. a) 1155 «celui qui enseigne, précepteur» (WACE, Brut, éd. cit., 5612); XIIIe s. il n'est maistre ne clerc d'escolle (RENAUT, Galeran, éd. L. Foulet, 1277); 1567 maistresse d'escole (BAIF, Euvres, Le Brave, III, 226 ds QUEM. DDL. t18); b) 1461 «maître d'armes» (CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t.3, p.44); 1538 maistre en fait d'armes (EST., s.v. lanista); c) 1636 maître danseur «maître de danse» (MONET, s.v. danseur); 3. a) 1155 maistre Wace «titre académique» (WACE, Brut, éd. cit., 7); b) 1432 maistre en ars (doc. ds GDF. Compl.); 1633 maistre ès arts «grade universitaire qui donne le droit d'enseigner certaines matières» (La comédie des proverbes ds Anc. Th. fr., éd. Viollet Le Duc, t.9, p.94); c) 1845 maître de conférences «professeur à l'Ecole Nationale Supérieure de Paris» (BESCH., s.v. conférence); 1893 «adjoint d'un professeur en titre à l'Université» (DG); 4. a) ca 1160 «celui qui est expert, qui excelle en quelque art ou science» (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 2204); ca 1190 n'avoir son maistre «être le plus habile de son métier» (Floovant, éd. cit., 2031); 1538 de main de maître «qui dénote une habileté supérieure» (EST., s.v. fabre); b) ca 1190 «personne dont on est le disciple, que l'on prend pour modèle» (CONON DE BÉTHUNE, Chansons, éd. A. Wallensköld, p.9, 51); c) 1690 Beaux-Arts «grand peintre qui fait école» (FUR.); 5. mil. XIIIes. «celui qui après avoir été apprenti, est reçu dans un corps de métier» (doc. ds FAGNIEZ t.1, p.206). D. Titre donné à certaines pers. 1. a) fin XIIe s. «médecin» (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 6270); b) 1461 «titre donné aux gens de robe (avocat, notaire, huissier...)» (CHASTELLAIN, Chronique, éd. citée, t.3, p.71); 2. a) 1176-81 «appellation en parlant à une personne» (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 5211); b) 1435 maistre Mousche «homme astucieux» (doc. ds Revue d'hist. du théâtre, 1954, p.148); c) p. plaisant. 1668 maître Corbeau, maître Renard (LA FONTAINE, Le Corbeau et le Renard ds Fables, éd. citée, t.1, p.62). Du lat. magister «chef, directeur, celui qui enseigne» qui a supplanté comme nom commun le lat. class. dominus (dom, dame). Fréq. abs. littér. (maître1 et 2): 20532. Fréq. rel. littér. (maître1 et 2): XIXes.: a) 30971, b) 36350; XXe s.: a) 32371, b) 21943. Bbg. ARRIVÉ (M.). Maître, instituteur... Fr. Monde. 1966, n°44, pp.37-39. — BEHRENS D. 1923, pp.44-45. — COHEN 1946, p.8. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p.10. — DUB. Pol. 1962, p.337. — GALL. 1955, p.51. — Sculpt. 1978, p.544 (s.v. maître fondeur, maître sculpteur). — QUEM. DDL t.3 (s.v. maître mot), 17 (s.v. maître à penser). — SPITZER (L.). Sprachwissenschaft. Afrz. Chief Hauptstadt... Z. rom. Philol. 1937, t.57, p.575. — VARDAR Soc. pol. 1973, [1970], pp.264-265.

maître, maîtresse [mɛtʀ, mɛtʀɛs] n.
ÉTYM. 1080, maistre; maistresse, XIIe; du lat. magister.
———
I Personne qui exerce une domination, qui dispose, en fait ou en droit, de certains pouvoirs sur des êtres ou des choses.
A
1 Personne qui a pouvoir et autorité sur qqn pour se faire servir, obéir. || Le maître et l'esclave (→ Asservir, cit. 5; esclave, cit. 5). || L'esclave appartenait à son maître qui avait sur lui droit de vie et de mort.Appellatif (vx ou hist.) → cit. 2.
1 Enlevé dès l'âge de quinze ans du fond de l'Afrique, ma patrie, je fus d'abord vendu à un maître qui avait plus de vingt femmes (…)
Montesquieu, Lettres persanes, LXIV.
2 Elle (Salammbô) pressait Taanach de se hâter, et la vieille esclave en grommelant : — Bien ! bien ! Maîtresse ! (…)
Flaubert, Salammbô, p. 210.
3 Cette conscience qui, pour conserver la vie animale, renonce à la vie indépendante, est celle de l'esclave. Celle qui, reconnue, obtient l'indépendance, est celle du maître.
Camus, l'Homme révolté, p. 176.
(Au moyen âge). || Le maître et le vassal. || L'homme lige et son maître (→ Homme, cit. 160 et 161). Seigneur. || Seigneur et maître.
Vieilli. || Le maître et les serviteurs (→ Famille, cit. 2), les domestiques (cit. 8, Beaumarchais), les valets (→ Canaille, cit. 6). Patron. || Servir un maître (→ Attendre, cit. 118), une maîtresse (→ Hanap, cit. 3; heure, cit. 101; léguer, cit. 2). || Avoir de bons maîtres. || Maîtresse qui tourmente ses domestiques (→ Difficile, cit. 25). || Servante maîtresse (→ ci-dessous, IV., 1.). — ☑ Prov. « Les bons maîtres font les bons valets » : les maîtres ont les valets qu'ils méritent.« Tel maître, tel valet » : les valets ont souvent les qualités et les défauts de leur maître.« Nul ne peut servir deux maîtres à la fois. »
4 Nul ne peut servir deux maîtres; car, ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il se soumettra à l'un et méprisera l'autre : Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, VI, 24.
5 Notre ennemi, c'est notre maître :
Je vous le dis en bon français.
La Fontaine, Fables, VI, 8.
6 (…) un de ses gens entre dans ma chambre et me remet, de la part de sa maîtresse, un paquet (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXIV.
7 — Les domestiques ici (…) sont plus longs à s'habiller que les maîtres ! — C'est qu'ils n'ont point de valets pour les y aider.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 5.
8 Vos anciens domestiques n'ont fait que changer de maîtres.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IX.
Possesseur (d'un animal domestique). || Animal qui reconnaît son maître. || Cheval, chien et son maître (→ Cabrer, cit. 3; gambade, cit. 2). || Fox-terrier aux pieds de sa maîtresse (→ Étirer, cit. 4).Par plais. (En parlant des objets familiers). → Geindre, cit. 5; fumeur, cit. 1.
9 Ainsi qu'un chien qui, craintif et fidèle (…)
Vient à son maistre, et s'endort à ses pieds.
Ronsard, la Franciade, II.
10 Elle s'assit et disposa des coussins derrière elle, tandis que le chien s'étendait sur un pouf aux pieds de sa maîtresse.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XIII.
2 Personne qui a pouvoir d'imposer aux autres sa volonté (rare au fém.). Chef (de famille). || Le père romain était juge et maître (→ Chef, cit. 14). || Père qui est le maître de sa fille (cit. 4). || L'épouse, le harem (cit. 3) et le maître. || Maître imposé par la force (→ Exécrer, cit. 5). — ☑ (Av. 1673). Par plais. Mon seigneur et maître : mon mari.
11 (…) je voudrais vous faire oublier que je suis votre maître, pour me souvenir seulement que je suis votre époux.
Montesquieu, Lettres persanes, LXV.
12 Un père n'est le maître de ses enfants que pour leur intérêt (…)
É. de Senancour, De l'amour…, p. 183.
(En parlant de l'homme par rapport à une femme qui lui est soumise). → Entendre, cit. 7; esclave, cit. 15.
12.1 Maître, maître, le voilà le maître-mot de toutes nos soumissions à la grandeur de l'homme. La voilà la plus pernicieuse et la plus obscure de nos évidences : le meilleur est maître, et le maître est meilleur. Saurons-nous jamais penser hors de cette tyrannique loi du maître ?
(…) Il n'y a pas de maître de fait, il n'y a que des maîtres voleurs, violeurs et usurpateurs. Maître de la vie et de la mort, maître d'école et maître de famille, maître des arts et des lettres, maître de lois, maître de soi et maître-queue, il n'y a qu'un seul maître, c'est celui qui possède. Le maître n'est rien d'autre qu'un propriétaire.
Annie Leclerc, Parole de femme, p. 29.
(1532). Loc. Maître, maîtresse de maison : personne qui dirige la maison, y commande, est responsable de ce qui s'y passe. || Le maître de maison est généralement le chef de famille (→ Hargneusement, cit. 2; honorer, cit. 14).Au fig. Astrol. || Le maître de la maison (I., 7.).Maître, maîtresse de maison qui reçoit Amphitryon, hôte. || Le maître et les convives (→ Friand, cit. 9). || Parfaite maîtresse de maison.Vieilli. || Le maître, les maîtres du logis (cit. 2). || Maître et seigneur de ce logis (→ Coutume, cit. 7).Vx. || Le maître : le maître de maison.
13 A-t-on servi, il se met le premier à table (…) Il n'a nul discernement des personnes, ni du maître, ni des conviés (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 12.
14 La maîtresse du logis vient au-devant de moi, et m'installe à l'étage le plus élevé (…)
Diderot, la Religieuse, Pl., p. 419.
15 (…) quelle est l'occupation d'un maître de maison qui sait vivre ? Il s'amuse et amuse ses hôtes; chez lui, c'est tous les jours une nouvelle partie de plaisir.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 170.
16 Ma femme, à moi, plus sérieuse, plus triste, plus distinguée peut-être, appartenant, je crois, à une classe un peu meilleure, s'essaie à jouer à la maîtresse de maison (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XII.
Vx. || Le maître d'un hôtel.
16.1 Les rares voyageurs qui étaient descendus à l'hôtel étaient partis. Jean resté seul dans l'hôtel dont il était comme le maître, plus que le maître, puisque le maître était avec Jean comme avec le maître les domestiques, se mêlait de plus en plus à leur vie. Souvent quand le maître faisait atteler sa voiture (…) Jean se préparait, prenait un bon paletot et montait à côté de lui. Souvent ils faisaient des lieues sans rencontrer personne; quand ils traversaient des villages, Jean répondait au salut des passants qui considéraient le maître d'hôtel et plus encore le jeune étranger assis à côté de lui.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 380-381.
Mod. || Maître d'hôtel. Hôtel.
(XIIe). Au masc. || Le maître d'un peuple, d'un pays, celui qui y exerce effectivement le pouvoir. Dirigeant, gouvernant. || Richelieu maître absolu (cit. 3) du royaume. || Les maîtres de l'Allemagne (→ Germanique, cit. 1).(Déb. XVIIe). || Les maîtres de la terre, du monde, tous ceux qui exercent un pouvoir (→ Les puissants de ce monde; et aussi arbitre, cit. 10; financier, cit. 2). || Devenir le maître du monde. Assujettir; dictateur; dominateur, tyran. || Les Romains furent les maîtres du monde (→ Jusque, cit. 53).Spécialt. Souverain (→ Faveur, cit. 3). || Le règne éclatant d'un maître fastueux (cit. 3). || Les maîtres et les gouvernés (→ Égalité, cit. 4). || « Allez dire à votre maître… » (→ Arracher, cit. 40, Mirabeau). || Peuple qui se donne, qui se choisit un maître.
17 Mais Rome veut un maître, et non une maîtresse.
Racine, Britannicus, IV, 2.
18 Parle : peut-on le voir sans penser comme moi
Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître,
Le monde, en le voyant, eût reconnu son maître ?
Racine, Bérénice, I, 5.
19 C'est de ses maîtres même, rois, princes, ministres, prélats, magistrats, intendants, que nous allons apprendre les extrémités où il (le peuple de France) était parvenu. Ce sont eux qui vont caractériser le régime sous lequel on tenait le peuple.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Introd., II, II.
20 La race des maîtres existe; je la connais au pas, et à un certain air de gouvernement. Je ne la hais point; car ce sont de pauvres hommes (…)
Alain, Propos, 22 sept. 1930, L'esclave dormant.
21 (…) une fois encore s'allait justifier le mot de Saint-Évremond : Le Français est surtout jaloux de la liberté de se choisir son maître.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XIV.
N. m. (Fin XVe). En parlant du Créateur. Dieu. || Le Maître du monde (→ Instinct, cit. 14), de la nature; le maître absolu (cit. 1). || Le maître tout-puissant, adorable (cit. 1). || Le Seigneur et maître (→ Avouer, cit. 1).
22 Je lève la main vers l'Éternel, le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre (…)
Bible (Segond), Genèse, 14, 22.
3 N. m.(V. 1460). Être maître, le maître quelque part : avoir pleine autorité, toute licence là où l'on est (→ Despote, cit. 2). || Être le maître chez soi, dans sa maison ou dans son pays (→ Expansionnisme, cit. 1). — ☑ Prov. Charbonnier est maître dans sa maison. || « J'étais maître en ces lieux, seul j'y commande (cit. 26) encore » (Voltaire).Le capitaine d'un bateau est seul maître à bord, est maître après Dieu (XIXe).Par anal. || Les lacs où sont maîtres les crocodiles (→ Jungle, cit. 1).Par ext. || Être le maître dans une action ou une entreprise commune (→ Défendre, cit. 11).
23 Est-ce donc que (…)
Je n'aurais pas l'esprit d'être maître chez moi ?
Molière, les Femmes savantes, V, 2.
24 (…) maître chez moi, j'y pouvais vivre à ma mode sans que personne eût à m'y contrôler.
Rousseau, les Confessions, IX.
25 (…) elle rentrait maintenant dans ce ménage comme un capitaine sur son bateau, hissait son pavillon au mât et ne tolérait plus d'autre maître à bord.
A. Maurois, Ariel…, I, X.
Jeu. || Être maître à une couleur : avoir la carte la plus forte, être en mesure de faire la levée. || Je suis maître à carreau.
4 N. m.(1668). Loc. L'œil du maître : la vigilance du maître à qui rien n'échappe.Avoir l'oreille du maître, en être écouté, avoir sa faveur. — ☑ Ni Dieu ni maître, devise de Blanqui, et des anarchistes. — ☑ (1538). Parler, agir en maître, avec l'autorité, la liberté d'un maître.Décider, commander en maître : imposer sa volonté (cf. Faire la pluie et le beau temps).Régner en maître : exercer sa domination. — ☑ Trouver son maître, celui à qui l'on doit se soumettre, obéir.
26 C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître !
Molière, Tartuffe, IV, 7.
27 La femme, telle que Marie Stuart, mobile, ardente et entraînée, avec le sentiment de sa faiblesse et de son abandon, aime à trouver son maître et par moments son tyran dans celui qu'elle aime, tandis qu'elle méprise vite en lui son esclave et sa créature, quand il n'est rien que cela; elle aime mieux un bras de fer qu'une main efféminée.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 11 août 1851.
5 (Av. 1662). Choses. Ce qui gouverne qqn, commande sa conduite.(Au masc.). || L'argent, maître du monde. — ☑ Prov. L'argent (cit. 54) est un bon esclave et un méchant maître, un bon serviteur et un mauvais maître.Au fém. || La nécessité, maîtresse des hommes et des dieux (→ Justifier, cit. 6). || L'expérience (cit. 19) est une maîtresse impérieuse. || L'imagination, maîtresse du monde (→ Imaginaire, cit. 1). || La raison décide en maîtresse (→ Courber, cit. 1). || L'inconstance (cit. 9) était maîtresse de tes actions.
28 (…) la raison ne doit-elle pas être maîtresse de tous nos mouvements ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 3.
29 (…) quand les passions sont les maîtresses, elles sont vices (…)
Pascal, Pensées, VII, 502.
30 L'argent est le maître de l'homme d'État comme il est le maître de l'homme d'affaires. Et il est le maître du magistrat comme il est le maître du simple citoyen.
Ch. Péguy, Note conjointe, p. 292.
31 Notre tempérament, notre caractère, nos passions, sont nos maîtres. Nos actions, nos goûts, notre conduite, sont commandés par eux.
Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 86.
6 (1538). Par rapport aux autres. Être maître (maîtresse) de soi, être son maître : être libre et indépendant, n'avoir d'autre maître que soi-même. Indépendant (→ Ne dépendre de personne, n'avoir de comptes à rendre à personne). || « Tout homme est né libre et maître de lui-même » (→ Esclave, cit. 2, Rousseau). || L'homme (cit. 50), cette créature qui n'est pas seulement maîtresse de soi. || Être suffisamment riche pour être son maître. || Elle qui veut devenir sa maîtresse (→ Acheter, cit. 12). || « En Angleterre, les enfants vont seuls, les filles sont leurs maîtresses » (→ Bride, cit. 9, Hugo).Spécialt. N'être engagé à personne (par mariage, liaison, etc.). Appartenir (s').
32 Vous êtes veuve, et ne dépendez que de vous. Je suis maître de moi (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 15.
33 Sitôt qu'il (l'homme) est en âge de raison, lui seul étant juge des moyens propres à le conserver, devient par là son propre maître.
Rousseau, Du contrat social, I, II.
34 Depuis dix ans qu'elle était riche et veuve, maîtresse d'elle-même par conséquent (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… », p. 234.
Par ext. || Être maître, le maître de ses actes, de sa conduite, de son sort, de son destin…, de ses heures (cit. 9) de loisir, de son emploi du temps. Disposer (→ Heureux, cit. 23).
35 Je vous l'avais prédit, qu'en dépit de la Grèce,
De votre sort encor vous seriez la maîtresse.
Racine, Andromaque, III, 8.
36 (…) quoi qu'on fasse, tout homme est toujours maître de sa vie.
Rousseau, Julie, II, II.
(Par rapport à soi-même).Être maître (maîtresse) de soi : avoir de l'empire sur soi-même. Dominer (se), maîtriser (se); maîtrise (de soi). → Magnanimité, cit. 1. || Rester maître de soi-même. Calme, ferme. || Il faut être patient pour devenir maître de soi (→ Impatience, cit. 1). || Maître de lui-même, il ne dit que ce qu'il veut (→ Impénétrable, cit. 18).Par ext. || Un cœur maître de lui.
37 Je suis maître de moi comme de l'univers;
Je le suis; je veux l'être (…)
Corneille, Cinna, V, 3.
38 Ainsi n'attendez pas que l'on puisse aujourd'hui
Vous répondre d'un cœur si peu maître de lui :
Il peut, Seigneur, il peut, dans ce désordre extrême,
Épouser ce qu'il hait, et punir ce qu'il aime.
Racine, Andromaque, I, 1.
39 Tiens, quand elle me regarde d'une certaine façon, ses yeux bleus me semblent le paradis, et je ne suis plus mon maître, surtout quand il y a quelques jours qu'elle me tient rigueur.
Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 1063.
40 Point d'écrivain qui soit plus maître de soi, plus calme d'extérieur, plus sûr de sa parole (que Montesquieu). Jamais sa voix n'a d'éclats; il dit avec mesure les choses les plus fortes. Point de gestes; les exclamations, l'emportement de la verve, tout ce qui serait contraire aux bienséances répugne à son tact, à sa réserve, à sa fierté. Il semble qu'il parle toujours devant un petit cercle choisi de gens très fins et de façon à leur donner à chaque instant l'occasion de sentir leur finesse.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. II, II, p. 89.
41 J'étais maître de moi, très calme, sans colère et même sans rancune.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, XIX.
Par ext. || Être maître de sa colère, de sa peur (→ Courage, cit. 6), la commander, la dominer. || Elle est peu maîtresse de ses craintes et de ses imaginations (→ Brouiller, cit. 8). || On n'est pas toujours maître, le maître de ses paroles, de ses gestes.L'âme est la maîtresse de ses passions (→ Liberté, cit. 36).
42 Qui de ses passions
Est maître absolument.
Ronsard, Pièces retranchées, « À un sien ami ».
43 — En vérité, Sainte-Thérèse, tu es bien incommode avec tes inquiétudes (…) — Je le sais, mais je ne suis pas maîtresse de mes sentiments (…)
Diderot, la Religieuse, Pl., p. 367.
44 Il lui coupa la parole dans un mouvement d'impatience dont il ne fut pas maître.
Maupassant, Bel-Ami, II, II.
45 Cependant, elle n'était pas toujours maîtresse de la révolte de ses muscles, elle répondait par un soufflet, à la volée; et, alors, il y avait des batailles (…)
Zola, la Terre, IV, II.
46 On peut être le maître de ses muscles, on n'est pas le maître de ses vaisseaux, on n'est pas le maître des pensées et des images. Voilà tout le secret de la timidité.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, IV.
7 (1667). (Être) maître de faire quelque chose : avoir entière liberté de… ( Libre). || Vous êtes maître de refuser ou d'accepter. || Elle est maîtresse de faire ce qu'il lui plaît (→ Fantaisie, cit. 17); || d'arrêter l'exécution (cit. 2) d'un ordre. || Celui qui a versé des arrhes (cit. 1) est maître de s'en départir.REM. L'emploi de cette expression avec l'article est vieilli ou littéraire : Ce journal leur appartient, ils sont les maîtres d'y insérer ce qu'ils veulent (→ Forcer, cit. 7).
47 L'on n'est pas plus maître de toujours aimer qu'on ne l'a été de ne pas aimer.
La Bruyère, les Caractères, IV, 31.
48 (…) en tout état de cause, un peuple est toujours le maître de changer ses lois, même les meilleures; car, s'il lui plaît de se faire mal à lui-même, qui est-ce qui a droit de l'en empêcher ?
Rousseau, Du contrat social, II, XII.
49 Cette fois, madame de Vaudremont ne devait pas être maîtresse de quitter à son gré le salon où elle arrivait alors en triomphe.
Balzac, la Paix du ménage, Pl., t. I, p. 1001.
50 Je laisse mon fils maître de faire ce qu'il voudra.
Balzac, Paméla Giraud, Pl., t. V, p. 9.
8 Personne qui possède une chose, en dispose ( Avoir, posséder). || Maître d'un bien.Dr. || Bien, chose sans maître. Abandonné. || Les choses sans maître sont susceptibles d'appropriation. || Ma fille est majeure et maîtresse de son bien (→ Cultiver, cit. 4). || Rester maître, se rendre maître d'un bien. || Voiture, cheval, maison… de maître, dont l'usager est le propriétaire (opposé à de louage). || Maison de maître (par ext.) : maison grande et cossue.
51 Tous les biens vacants et sans maître (…) appartiennent au domaine public.
Code civil, art. 539.
Par ext. || Maître de pouvoirs extraordinaires (→ Finance, cit. 2).
Se rendre maître de qqch. (se l'approprier), de qqn (le capturer, le maîtriser), d'un pays (le conquérir, l'occuper). || Se rendre maître d'un incendie, d'un fléau, l'arrêter, le maîtriser.
52 Un cœur, vous le savez, à deux ne saurait être,
Et je sens que du mien Clitandre s'est fait maître.
Molière, les Femmes savantes, V, 1.
53 Une fois maîtres de la clef, il nous restera quelques précautions à prendre contre le bruit de la porte et de la serrure (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXIV.
54 (…) cette armée (…) se rend maîtresse de tout.
Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette-Marie de France.
(Choses abstraites). Être en possession de… || Se trouver maître d'un secret (→ Irréconciliable, cit. 1). || Être maître de ses moyens. || Demeurer maître de son talent jusqu'à un âge avancé (→ Et, cit. 30).Disposer à son gré de… || Être maître de son sujet, le dominer. || César se rendit maître des élections. Assurer (s'). → Acheter, cit. 6. || Être maître, rester maître de la situation, des événements. Arbitre.
55 (…) de manière (…) que les tribuns et les ambitieux ne pussent pas se rendre maîtres des suffrages, et que le peuple même ne pût pas abuser de son pouvoir.
Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, VIII.
56 (…) Prévan s'étant bientôt rendu maître de la conversation, prit tour à tour différents tons, pour essayer celui qui pourrait me plaire.
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXV.
57 (Fouché) donnait l'ordre de fermer (…) les barrières de Paris, afin de rester maître de la situation.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, « Ascension de Bonaparte », XXIV.
B Maîtresse n. f.
a Vx. (Langue class. et jusqu'au XIXe). || La maîtresse de qqn, la jeune fille ou la femme aimée de lui (ainsi nommée à cause de l'empire qu'elle exerce).REM. Ce mot n'implique ni n'exclut les relations charnelles. Amie, amante (cit. 16), aimée, belle, bien-aimée, dame, dulcinée, mignonne (→ Aimer, cit. 13 et 14; foudre, cit. 14). || Une maîtresse cruelle.
58 Ah ! le jour et la nuit viennent, pleins de tristesse
À celui, fût-il Dieu, qui languit sans maîtresse.
Ronsard, Élégies, X.
59 Maîtresse : (…) celle pour qui on a un attachement particulier, soit que cet attachement soit galant ou sincère.
Richelet, Dict., art. Maîtresse.
60 (…) le mot de maîtresse (…) communément (…) veut dire une femme qui a donné son cœur, et qui veut le vôtre (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, p. 274.
61 Ce n'est pas que je soupçonne votre maîtresse d'inconstance; mais elle est bien jeune; elle a grand-peur de sa maman (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXIX.
Spécialt. Fiancée. || « Il faut venger un père et perdre une maîtresse » (Corneille) → Animer, cit. 20. || « Il fait de beaux présents de noce à sa maîtresse, à son accordée » (Furetière, Dictionnaire).
62 Je ne veux pas pour cela qu'on trompe un jeune homme en peignant un modèle de perfection qui ne puisse exister; mais je choisirai tellement les défauts de sa maîtresse, qu'ils lui conviennent, qu'ils lui plaisent et qu'ils servent à corriger les siens.
Rousseau, Émile, IV.
b (1678). Mod. || La maîtresse d'un homme, la femme qui s'est donnée à lui (sans être son épouse). Femme, amie (bonne amie)… (→ Cesse, cit. 8; gouverneur, cit. 1; instrument, cit. 13; irrégulier, cit. 4). || Ils sont amant et maîtresse. Amant (les amants). || Avoir une maîtresse (→ Jupe, cit. 7); prendre une maîtresse. Liaison. || Il en a fait sa maîtresse (→ Ignorer, cit. 49). || Il vit avec sa maîtresse. Concubine. || Maîtresse d'un homme marié. Adultère. || Entretenir une maîtresse. || Avoir des maîtresses à la douzaine (→ Guilledou, cit.). || Courir de maîtresse en maîtresse (→ Escompter, cit. 3). || La première maîtresse d'un jeune homme. (→ Homme, cit. 157; jalousie, cit. 21). || Ancienne maîtresse (→ Bégueule, cit. 2). || Vieille maîtresse (→ Chaîne, cit. 24). || Maîtresses des grands princes. Favorite (cit. 12). || Maîtresse en titre (→ 2. Général, cit. 11). || Maîtresse aimée (→ Lieu, cit. 37), adorée, idolâtrée. || S'attacher (cit. 66) à une maîtresse. || Maîtresse qui s'impose comme épouse (→ Ascendant, cit. 9), qui se fait épouser.Par ext. || Être la femme et la maîtresse (→ Dépraver, cit. 5). || Épouse et maîtresse (→ Fatal, cit. 10).Allus. littér. || « Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse » (→ Flacon, cit. 6, Musset).Une vieille maîtresse, roman de Barbey d'Aurevilly.
63 Crois-tu, Ibben, qu'une femme s'avise d'être la maîtresse d'un ministre pour coucher avec lui ? Quelle idée ! c'est pour lui présenter cinq ou six placets tous les matins (…)
Montesquieu, Lettres persanes, CVIII.
64 — Je vis avec une maîtresse, lui disais-je, sans être lié par les cérémonies du mariage : M. le Duc de… en entretient deux, aux yeux de tout Paris; M. de… en a une depuis dix ans, qu'il aime avec une fidélité qu'il n'a jamais eue pour sa femme; les deux tiers des honnêtes gens de France se font honneur d'en avoir.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, p. 185.
65 Crois-moi, choisis un autre amant, comme j'ai fait une autre maîtresse… Adieu, mon ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXLI.
66 Je suppose que mon oncle recevait des cadeaux de ses maîtresses riches, et avec cet argent s'habillait magnifiquement et entretenait ses maîtresses pauvres.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 6.
67 Il est marié à une femme… la plus belle, la meilleure, la plus séduisante qui soit peut-être dans ce royaume, et il trouve une maîtresse dans une épouse fidèle.
A. de Musset, Carmosine, II, 7.
68 Elle se laissa tomber en arrière et là, devant ce feu, sur ces coussins, fut ma maîtresse. Je n'éprouvais aucun sentiment d'amour, mais je la désirais et je me disais : « Si je ne la prends pas, j'aurai l'air d'un lâche. »
A. Maurois, Climats, I, XV.
———
II (XIIe). Personne qualifiée pour diriger.REM. Le fém. est théoriquement maîtresse, mais on emploie parfois maître.
1 (V. 1155). Personne qui exerce une fonction de direction, de surveillance. Chef.(1611). Vx. || Maître des hautes œuvres. Bourreau, exécuteur.Maître de forges.Vx. || Maîtresse d'atelier. Contremaîtresse.Vx. || Maître de café; maîtresse d'auberge (→ Bourg, cit. 1). Patron, patronne.La Fontaine était maître des Eaux et Forêts (→ Grume, cit. 1).
N. m. Mod. || Maître de l'ouvrage : personne, collectivité ou organisme qui conclut un marché et pour le compte duquel on construit.Maître d'œuvre : personne physique ou morale, ou service administratif, désigné par le maître de l'ouvrage pour diriger et contrôler, en son nom, l'exécution des travaux faisant l'objet d'un marché.Fig. Directeur de travaux intellectuels. || Diderot fut le maître d'œuvre de l'Encyclopédie.
(1809). || Maître des requêtes au Conseil d'État (fém. maître).Maître de ballet : celui qui dirige un ballet dans un théâtre (fém. maître ou maîtresse).Maître de chapelle. || Maître des cérémonies (cit. 6). || Maître d'hôtel (→ Hôtel, cit. 15 et 16).Milit. || Maître de camp. Mestre.(1873). Mar. Officier marinier. || Premier-maître, quartier-maître… Maistrance. || Maître de manœuvre; maître d'équipage. Bosco, bosseman.Grand Maître de l'ordre : chef d'un ordre militaire. || Le grand maître des Templiers, de l'ordre de Malte ( Magistère).(1834). Anc. || Grand Maître de l'Université, nom donné au ministre de l'Éducation nationale.Maître de conférences (nom d'abord donné aux professeurs de l'École normale Supérieure) : personne chargée d'un cours dans une grande école ou enseignant dans une université avant d'accéder au titre de professeur (→ Aiguiser, cit. 14) [fém. maître].Maître de recherches (fém. maître). || Maître assistant (invar. : elle est maître assistant).Maître d'étude, qui surveille une étude. Pion, surveillant. || Maître d'internat (fém. maîtresse).Vx. || Maître d'école, celui qui dirigeait une école (→ ci-dessous, 2., au sens d'instituteur).
69 Chaque castor agit, commune en est la tâche;
Le vieux y fait marcher le jeune sans relâche.
Maint maître d'œuvre y court, et tient haut le bâton.
La Fontaine, Fables, IX, Disc. à Mme de La Sablière.
70 Dans son cabinet de travail (…) M. Bergeret, maître de conférences à la Faculté des lettres, préparait sa leçon sur le huitième livre de l'Énéide.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, I, p. 225.
71 — Ces messieurs prendront peut-être une pêche au marasquin, dit le maître d'hôtel. Sa voix était douce et persuasive, et ses regards vigilants parcouraient l'étendue des tables servies.
France, M. Bergeret à Paris, Œ., t. XII, IX, p. 360.
72 Comme tous les ordres de chevalerie, l'Ordre de Santiago déchoit : il ne brûle plus vraiment que dans le cœur de votre père. Ce n'est pas sans raison qu'on surnomme votre père « le Maître de Santiago », bien qu'il n 'y ait plus de Grand Maître de cet Ordre.
Montherlant, le Maître de Santiago, I, 1.
Quand le maître est absent, les subordonnés n'en font qu'à leur tête (→ Quand le chat n'est pas là, les souris dansent).
2 (V. 1155). Personne qui enseigne. || Maître, maîtresse : personne qui enseigne aux enfants dans une école, ou dans le particulier. Éducateur, enseignant, instituteur, pédagogue, précepteur, professeur, régent.(Déb. XIIIe; fém., 1567). || Maître, maîtresse d'école : instituteur, institutrice (→ Classe, cit. 13). || Le maître et les élèves, les écoliers (→ Cahier, cit. 3). || Maître qui interroge (cit. 5 et 7) un élève. || Obéir à sa maîtresse. || Maître chargé de telle classe. || Les maîtres d'un élève. || Ses maîtres en sont très contents (→ Enseigner, cit. 4). || Maîtresse auxiliaire.En Afrique. || Maître coranique : maître d'une école coranique.Maître de musique (→ Comme, cit. 43). || Maîtresse de piano (→ Leçon, cit. 6). || Maître de chant, (vx) à chanter (→ Déchiffrer, cit. 6). || Maître de danse (→ Farceur, cit. 2), (vx) maître à danser (→ Gambade, cit. 3).(1670). || Maître d'armes, qui enseigne l'escrime (→ Botte, cit. 1).
73 (…) je ne veux pas qu'on emprisonne ce garçon. Je ne veux pas qu'on l'abandonne à l'humeur mélancolique d'un furieux maistre d'école.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
74 (…) veux-tu que je te donne un maître pour te montrer à jouer du clavecin ?
Molière, l'Amour médecin, I, 2.
75 Un nombre infini de maîtres de langues, d'arts et de sciences, enseignent ce qu'ils ne savent pas; et ce talent est bien considérable : car il ne faut pas beaucoup d'esprit pour montrer ce qu'on sait; mais il en faut infiniment pour enseigner ce qu'on ignore.
Montesquieu, Lettres persanes, LVIII.
76 Dans chaque université allemande plusieurs professeurs étaient en concurrence pour chaque branche d'enseignement; ainsi, les maîtres avaient eux-mêmes de l'émulation, intéressés qu'ils étaient à l'emporter les uns sur les autres, en attirant un plus grand nombre d'écoliers.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XVIII.
77 Il (le père Madeleine) allouait de ses deniers aux deux instituteurs une indemnité double de leur maigre traitement officiel, et un jour, à quelqu'un qui s'en étonnait, il dit : « Les deux premiers fonctionnaires de l'État, c'est la nourrice et le maître d'école. »
Hugo, les Misérables, I, V, II.
78 Lacretelle y eut pour professeur André Bellessort, maître fougueux et tonnant, qui éveillait ses élèves par ses paradoxes.
A. Maurois, Études littéraires, « Lacretelle », I.
(1662). || Le temps est un grand maître, donne de l'expérience. || L'amour est un grand maître (→ Enseigner, cit. 14).L'imagination (cit. 10), maîtresse d'erreur et de fausseté.
3 (XIIIe). N. m. Dans le système corporatif, Artisan qui dirige le travail et enseigne aux apprentis. || Les maîtres, les compagnons (cit. 10) et les apprentis (cit. 2) d'une corporation. || L'artisan devenait maître en recevant les lettres de maîtrise. || Compagnon qui passe maître. — ☑ Prov. Apprenti n'est pas maître.Fig. || « L'homme est un apprenti (cit. 9), la douleur est son maître » (Musset).(1845). Par anal. || Dans la franc-maçonnerie (cit. 1), Maîtres, compagnons et apprentis d'une loge.(1765). || Grand Maître : chef d'une obédience maçonnique. || Le Grand Maître du Grand Orient de France.
(V. 1170). || Être maître dans le métier, dans l'art de… Adroit, compétent, expert, savant. || Être maître à… (vx).Passer maître dans l'art de… : devenir expert en fait de… (→ Argumentation, cit. 2; bien, cit. 115). || Il est passé maître dans l'art de tromper, en fait (cit. 46) de tromperie. — ☑ (1538). Loc. De main de maître : avec l'habileté d'un maître. Magistralement. || Portrait fait de main de maître (→ Filer, cit. 9; implacable cit. 9). — ☑ La griffe (cit. 15) du maître : la marque du maître. — ☑ Coup de maître : coup admirable, magistral. || Des coups (cit. 56) de maître (Corneille) (→ Jeu, cit. 59). — ☑ (XIIIe). Trouver son maître, quelqu'un de supérieur à soi, de plus adroit, de plus compétent. || Il a trouvé son maître en fait de mensonge (→ aussi cette expression au sens I., 1.).
79 (…) des pièces d'éloquence (…) faites de main de maîtres (…)
La Bruyère, Discours de réception à l'Académie, Préface.
80 (…) il lui suffit de penser qu'il n'a point fait l'apprentissage d'un certain métier, pour se consoler de n'y être point maître.
La Bruyère, les Caractères, XI, 84.
81 Maître renard, par l'odeur alléché,
Encore un maître ! mais pour celui-ci c'est à bon titre : il est maître passé dans les tours de son métier.
Rousseau, Émile, II.
82 Il est passé maître dans l'art de tout dire en peu de mots, sans jamais être obscur.
P.-J. Stahl, Chamfort, Conclusion.
4 N. m. Peintre, sculpteur qui dirigeait un atelier et travaillait souvent avec ses élèves à une même œuvre. || Attribuer au maître l'œuvre d'un élève. || Le maître de… (suivi d'un nom de lieu, du titre de l'œuvre…), désignation d'un peintre ancien anonyme dont l'œuvre a la qualité de celle d'un maître d'atelier. || Le Maître de Moulins.
83 (…) le domaine de l'atelier est celui d'un artisanat. « Œuvre d'atelier », aujourd'hui encore, veut dire pour les experts : œuvre exécutée dans l'atelier du maître, sous sa direction et sous son contrôle, — et parfois achevée par lui.
Malraux, les Voix du silence, p. 362.
84 (Le) génie de Gislebert d'Autun, des anonymes rhénans, des maîtres du Portail Royal de Chartres (…)
Malraux, les Voix du silence, p. 228.
5 N. m. (Fin XIIe). Personne dont on est le disciple ou que l'on prend pour modèle. Initiateur, modèle. || Les disciples d'Aristote et leur maître (→ Assembler, cit. 1). || Les maîtres d'un auteur, d'un écrivain (→ Froisser, cit. 25), d'un peintre, d'un sculpteur… (→ Imagier, cit. 2). || Les crocheteurs du Port-au-Foin étaient les maîtres de Malherbe pour le langage (cit. 20). Exemple. || Les maîtres d'un savant.Prendre pour maître. || Se réclamer d'un maître. || Maître vénéré. || Mon maître et ami. || Notre confrère et notre maître à tous.Fig. || La nature doit être notre maître, le vrai modèle du goût (→ Imitation, cit. 10 et 13).
85 (…) d'autant que les fautes qu'on y peut faire sont selon notre maître, Hippocrate, d'une dangereuse conséquence.
Molière, l'Amour médecin, II, 5.
86 Il est donc clair que les hommes que nous appelons nos maîtres, ne sont en effet que des moniteurs (…) nous n'avons point d'autre maître dans les sciences, Philosophie, Mathématiques (…) que la Sagesse éternelle qui habite en nous (…)
Malebranche, Entretiens sur la métaphysique…, Préface, p. 34.
87 À mon très-cher et très-vénéré
Maître et ami
Théophile Gautier
Baudelaire, les Fleurs du mal, Dédicace.
88 Une génération trouve parfois ses maîtres chez elle-même, mais toujours dans la génération précédente les professeurs par lesquels et contre lesquels elle se fait.
A. Thibaudet, Hist. de la littérature franç., p. 262.
89 L'idée du chef ne m'est pas absolument étrangère, pourtant elle m'est moins sensible que celle du maître… Ce que je demande, ce n'est pas de me délivrer de toute responsabilité, ce n'est pas de marcher les yeux clos, ce que je demande, c'est de la nourriture, de la substance. Je veux un enseignement.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, II.
90 Rembrandt, dans Le Prophète Balaam de 1626, ne s'applique pas à représenter la vie, mais à parler la langue de son maître Latsmann… C'est sur ce pastiche que tout artiste se conquiert d'abord (…)
Malraux, les Voix du silence, p. 310.
90.1 Mais le mot maître a un autre sens qui l'oppose seulement à disciple dans une relation de respect et de gratitude (…) À la fin, le maître se réjouit lorsque le disciple le quitte et accomplit sa différence, tandis que celui-ci gardera toujours la nostalgie de ce temps où il recevait tout, sachant qu'il ne pourrait jamais rien rendre.
Camus, Sur « les Îles » de Jean Grenier, in Essais, Pl., p. 1160.
6 N. m. (1690). Artiste, écrivain ou savant qui excelle dans son art, qui a fait école (cit. 28). || Les maîtres de la littérature française, de la peinture espagnole, de la sculpture gothique… (→ Les grands noms). || Les maîtres de l'art (cit. 63). || Création d'un maître (→ Imagerie, cit. 4). || Maître éminent. || « Admirons les grands maîtres, ne les imitons pas » (Hugo). || Les Maîtres d'autrefois, études de peinture d'E. Fromentin.
91 Les journaux, unanimes en faveur d'un talent ignoré, retentissaient encore de louanges sincères. Les artistes eux-mêmes reconnaissaient Schinner pour un maître, et les marchands couvraient d'or ses tableaux.
Balzac, la Bourse, Pl., t. I, p. 332.
92 (…) les Grecs resteront toujours les maîtres divins du marbre comme ils le sont de la poésie et comme ils l'étaient sans doute de la peinture.
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Simart ».
Petit maître : peintre de qualité considéré comme mineur. || Un petit maître de la Renaissance.
———
III (XIIIe). Titre.
1 N. m. (V. 1460). Titre qui remplace Monsieur, Madame en parlant des gens de loi ou en s'adressant à eux (avoué, avocat, huissier, notaire…). || Par devant maître X, notaire. || « Maître Hareng, huissier (cit. 8) à Buchy ». || Maître X, avocate à la cour (abrév. : Me). || Maître Bolbec et son mari, comédie de Louis Verneuil.
93 Germaine Berton comparut le 18 décembre 1923 devant la Cour d'assises, défendue par Me Henry Torrès. Les débats furent pleins d'incidents et menés avec une rare violence.
Maurice Garçon, la Justice contemporaine, XIX.
94 La défense avait beau jeu. Vous n'avez qu'une certitude morale, plaidait Maître Lancry.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 2.
tableau Abréviations les plus usitées.
2 Vx. (Suivi du nom ou du prénom). Titre donné autrefois familièrement aux hommes qu'on ne pouvait appeler « Monsieur », et encore au XIXe siècle aux paysans, aux artisans (→ Père). || Maître Simon (→ Agissant, cit. 9). || Maître Jacques. Jacques. || Maître Aliboron. || Maître François. || Maître Cornille, le meunier.Par plais. (dans les fables). || Maître Corbeau, maître Renard (→ Allécher, cit. 1; arbre, cit. 6).Littér. || La Bête à Maît' Belhomme, conte de Maupassant.
95 Le père Rouault lui fit la conduite; ils marchaient dans un coin de la haie, et enfin, quand on l'eut dépassée : — Maître Rouault, murmura-t-il, je voudrais bien vous dire quelque chose.
Flaubert, Mme Bovary, I, III.
96 — Eh bien, maît' Caniveau, dit-il, ça va-t-il comme vous voulez ? L'énorme campagnard (…) répondit en souriant (…)
Maupassant, Monsieur Parent, « La bête à Maît' Belhomme ».
REM. On rencontre parfois le féminin maîtresse pour une paysanne, une fermière. — (Régional). || Maîtresse Jacqueline.
97 Dans les grandes occasions, maîtresse Fruytier accompagnait son mari.
René Bazin, Il était quatre petits enfants, II, in Grevisse.
3 N. m. (1866). Titre que l'on donne en s'adressant à un professeur éminent, à un artiste ou un écrivain célèbre. || Monsieur (Madame) et cher Maître.REM. Au féminin → cit. 98.
97.1 « Mon cher Maître… » Maître est le mot adopté depuis quelque temps à Paris par les auteurs dramatiques et les hommes de lettres lorsqu'ils s'écrivent entre eux. Autrefois les avocats seulement et les gens du palais employaient ce terme. Mais il est très bien reçu maintenant dans la littérature; il flatte celui qui le reçoit.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, p. 102.
98 Vous êtes triste, pauvre amie et chère maître (…)
Flaubert, Correspondance, 876, 12 nov. 1866.
99 Mon cher Maître,
Avez-vous pensé à moi ? Pourriez-vous me dire ce qu'il faut lire pour connaître un peu le mouvement néo-catholique vers 1840 ?
Flaubert, Correspondance, 841, 12 mars 1866.
100 (…) tel vieux raté obscur se croit glorieux parce qu'il reçoit de temps en temps une coupure de l'Argus, et que trois pelés et quatre tondus lui serrent la main en l'appelant « Maître » au café.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XI, V, p. 38.
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IV (1080). En appos. ou adj. || Maître, maîtresse.
A (Personnes).
1 Qui est le maître, la maîtresse (au sens I, 1). || Servante maîtresse : servante, domestique qui est devenue maîtresse d'une maison. || La Servante maîtresse, opéra-bouffe de Pergolèse.REM. Dans cette expression il y a jeu de mot sur maîtresse, la servante qui a cette autorité étant généralement la maîtresse du maître de maison.
101 Depuis que la fille à Cognet, le cantonnier de Rognes, la Cognette comme on la nommait, quand elle lavait la vaisselle de la ferme à douze ans, était montée aux honneurs de servante-maîtresse, elle se faisait traiter en dame, despotiquement.
Zola, la Terre, I, I.
2 Qui a les qualités d'un maître, d'une maîtresse.Vx. || Un maître homme.(1669). Mod. || Maîtresse femme : femme qui a de l'énergie, qui sait organiser et commander. Énergique (→ Commode, cit. 9).
102 Dans toute sa personne il a je ne sais quoi
Qui d'abord fait juger que c'est un maître roi (…)
Molière, Mélicerte, I, 3.
103 (…) nous restâmes à le voir filer, ce maître-couple, — la femme étalant sa traîne noire dans la poussière du jardin, comme un paon, dédaigneux jusque dans son plumage.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime », p. 133.
3 (1080; anciennt). Qui est le premier, le chef de ceux qui exercent la même profession dans un corps de métier, une entreprise. Chef, premier.(1835). || Maître maçon (→ Forteresse, cit. 1). || Maître compagnon. || Maître fondeur. || Maître calfat. || Maître cuisinier, maître coq ou maître queux. || Maître clerc (→ Étude, cit. 52).(1846). || Maître chanteur (trad. de l'all. Meistersinger) : « compositeur allemand reçu dans une corporation à la suite d'épreuves pédantesques » (L. Réau). || Les Maîtres Chanteurs, opéra de Wagner (dans un autre sens; Chanteur). || Maître sonneur : maître de la corporation des sonneurs de cornemuse. || Les Maîtres sonneurs, roman de George Sand.
104 Je suis, dit-il au sergent, le maître garçon de ce cabaret.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, VII.
105 (…) au bout d'une quinzaine il devint maître compagnon, fut logé, nourri chez Frappier qui lui montra le calcul et le dessin linéaire.
Balzac, Pierrette, Pl., t. III, p. 719.
106 Par maîtres-artisans, il y a lieu d'entendre les travailleurs autonomes de l'un et de l'autre sexe exerçant personnellement et à leur compte (…) accomplissant leur travail seul ou avec le concours de leur conjoint, des membres de leur famille, de compagnons ou d'apprentis.
Code du travail, Loi du 26 juil. 1925.
REM. Cet emploi de maître connaît, depuis 1960, un regain d'emploi pour former des composés désignant des artisans qualifiés : maître-artisan, maître-fabricant, maître-rôtisseur, etc. (in P. Gilbert).
(1690). Par ext. et péj. Vieilli. (Renforçant une qualification injurieuse). Fieffé. || Maître filou (cit. 1). || Maître fripon (→ Avaricieux, cit. 1). || C'est un maître sot.
107 Voilà un maître fou. Je me flatte que personne n'a pu adopter une idée aussi extravagante.
Voltaire, l'Homme aux 40 écus, VII.
B (XIe). Vx ou régional. (Choses). Qui est important, ou qui est le plus important. || Un maître chou (→ Gîter, cit. 1, La Fontaine) : un très gros chou.Cour. || Maîtresse branche d'un arbre, la plus grosse. Principal (→ Buse, cit. 1).(Av. 1850). || Maîtresse poutre d'un comble. || Cheville maîtresse (→ fig. Centre, cit. 9).(XVIe). || Maître-autel : autel principal d'une église, placé dans l'axe de la nef. || Des maîtres-autels.
108 Au fond de l'église, face à l'entrée, est la merveille du sanctuaire, le maître-autel entièrement fait d'agate brune, avec mosaïques en pierres rares de différentes couleurs où le blanc domine.
Loti, Figures et Choses…, p. 65.
109 (…) une bûche, une maîtresse bûche, une vraie bûche de Noël (…)
France, le Crime de S. Bonnard, t. II, I, p. 334.
109.1 Des maigres fumées montent encore des décombres. Des nuées d'urubus, de vautours, de corbeaux à bec rouge se disputent les charognes des chevaux et des bestiaux éparses dans les champs. À la maîtresse branche d'un figuier sauvage se balance la carcasse de Jean Marchais.
B. Cendrars, l'Or, in Œ. compl., t. II, p. 229.
110 (…) une grande fente qui a partagé le mur maître depuis la fondation jusqu'aux tuiles.
J. Giono, Regain, III.
(1765). || Maître-couple ou maître couple : couple situé dans la plus grande largeur du navire. || Des maîtres-couples.(1962). Section maximale du fuselage (d'un avion).
(Par anal. avec un navire). || Maître-couple : la plus grande largeur d'un poisson.
110.1 (Chez le labre) la plus grande section du corps — appelée maître-couple — est située au niveau des nageoires pelviennes, c'est-à-dire à peu près à mi-longueur. À ce détail, on reconnaît que le Labre n'a pas une nage très rapide, le maître-couple se trouvant reporté, chez les bons nageurs, dans une position plus antérieure.
R. et M.-L. Bauchot, les Poissons, p. 9.
Qui a de la force, de l'efficacité. || Maître-mot ou maître mot (→ ci-dessus, cit. 12.1). || Les maîtres-mots des magiciens (cit. 4).
110.2 On en parlait souvent, de la retraite, et comme d'une opération de haute magie, qui transforme un maître d'école en rentier. La retraite, c'était le grand mot, le maître-mot.
M. Pagnol, le Château de ma mère, p. 344.
(1845). Cartes. || Atout maître. || Garder ses cartes maîtresses, celles qui peuvent faire une levée.Fig. || Longue négociation où l'on finit par jouer ses cartes maîtresses. → Abattre (son jeu).
111 Voilà un maître coup qui m'arrive; il s'agit de le parer ou de l'encaisser proprement.
Alain, Propos, 24 sept. 1911, « Une cure ».
(1580). Fig. et littér. Essentiel. || La pièce maîtresse d'une collection, d'un dossier… || Idée maîtresse d'une explication, d'un texte, d'un auteur. || Un maître argument. || La science maîtresse sera la philosophie (→ Gouverner, cit. 32). || L'éducation doit respecter notre « forme maîtresse », selon Montaigne. || La qualité maîtresse d'une personne. Majeur (→ Homme, cit. 151). || La théorie de la « faculté maîtresse » chez Taine.
112 C'est le maistre (maître) jour, c'est le jour juge de tous les autres (celui de la mort); c'est le jour, dit un ancien, qui doit juger de toutes mes années passées.
Montaigne, Essais, I, XIX.
113 (…) j'ose dire que cet heureux poème n'a si extraordinairement réussi que parce qu'on y voit les deux maîtresses conditions (permettez-moi cette épithète) que demande ce grand maître aux excellentes tragédies (…)
Corneille, le Cid, Avertissement.
114 Il (Taine) suppose en principe « que les facultés d'un homme, comme les organes d'une plante, dépendent les unes des autres (…) qu'il y a en nous une faculté-maîtresse dont l'action uniforme se communique différemment à nos différents rouages (…) Une fois qu'on a saisi la faculté-maîtresse (…) on voit l'homme se développer comme une fleur ». Il y a ici l'annonce et comme l'inauguration d'une nouvelle méthode en critique (…) je me bornerai (…) à faire voir ce qu'elle a, selon moi, d'excessif, d'artificiel et de conjectural (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 16 mars 1857.
115 C'était au ministre de Lessart que Talleyrand avait (…) exposé dès janvier 1792, son idée maîtresse (l'alliance de la France et de l'Angleterre) : toute sa vie il y restera fidèle (…)
Louis Madelin, Talleyrand, I, V.
tableau Noms de métiers.
CONTR. Esclave. — Domestique, serviteur, valet. — Inférieur, subalterne. — Disciple, élève. — Apprenti. — Accessoire, secondaire.
DÉR. Maîtrise, maistrance.
COMP. Contremaître. — Petit-maître. — Quartier-maître; sous-maître. — Maître-à-danser, maître-chien.
HOM. Mètre, mettre.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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